♫ Mais un jour sans crier gare... ♫
Sublime exemple de ce que le cinéma français peut produire de mieux, cette adaptation du roman éponyme de Sébastien Japrisot (à qui l'on doit entre autres "Un long dimanche de fiançailles", lui aussi objet d'une très belle adaptation ciné) connut à sa sortie un succès critique et commercial amplement mérité.
Dans une campagne provençale baignée d'un soleil estival radieux, le film s'ouvre sur le quotidien typique des braves habitants d'un petit village dans les années 70. Quotidien que va très vite chambouler Eliane, une jeune fille décalée et aguicheuse, incarnée par une toute jeune Isabelle Adjani au talent déjà redoutable. Face à "Elle", Alain Souchon campe Pin-Pon, brave garçon à la timidité touchante, séduit puis manipulé par la Belle qui tisse lentement la toile d'une terrible vengeance. En effet, sa mère fut jadis violée (scène très dure !) par trois hommes, dont le propre père de Pin-Pon...
Le ton du film est à l'image de son synopsis : départ dans une atmosphère conviviale et chaleureuse, empreinte de la nostalgie d'une époque révolue, pour sombrer dans une ambiance de plus en plus glauque et dérangeante. Le malaise ne va cesser de s'amplifier au fil des révélations jusqu'à un final dramatique terrible, qui clôt le film en montrant le genre de cruelles fatalités que peut nous réserver la vie.
Si la dureté du récit s'est un peu adoucie avec le vieillissement du film, cet été meurtrier reste un drame poignant et intense, à la une mise en scène datée mais somptueuse, aux choix narratifs excellents (flashbacks amenant judicieusement les rebondissements-clés, dialogues et voix off bluffants d'authenticité...) et honoré par une pléiade d'acteurs impeccables (Galabru, Cluzet, Suzanne Flon, Roger Carel...) dont ma mention spéciale va à l'actrice jouant la mère traumatisée d'Eliane, pour sa justesse effroyable lors de la scène du viol.
Un film que je recommande à tout le monde.
Modifiée
le 23 sept. 2012