Un budget confortable, un tournage en extérieurs à Taïwan et à Hong Kong, une star du gabarit de Steve McQueen... rien n'a été refusé par la 20th Century Fox à Robert Wise qui venait de réaliser pour le studio la Mélodie du bonheur. La Canonnière du Yang-Tsé sera beaucoup moins bien accueilli, et la décision de tourner en pleine guerre du Vietnam un film sur la non-intervention d'un bateau de guerre américain plongé au coeur de la révolution chinoise en 1926 ne fut sans doute pas prise au hasard. Plusieurs critiques ont vu dans le dernier plan du film la morale que les auteurs avaient voulu donner à leur histoire : le militaire borné, le missionnaire non-violent et le brave matelot déé par les événements gisent côte à côte ; Wise montre ainsi que toutes les formes de colonialisme ne servent à rien, il faut laisser les peuples régler leurs comptes entre eux. Réalisateur habile, Robert Wise a su recréer avec talent le bouillonnement de la Chine des années 20, avec sa population cosmopolite ; pendant 3 h, il révèle ces facettes d'un univers exalté, mais néglige le décor politico-historique au profit de la simple aventure. En dépit de quelques longueurs, le film se laisse voir quand même avec intérêt.