Il est évident que nous connaissons tous cette période sombre qu’est la Seconde Guerre Mondiale, les films, les documentaires ou même les séries ont déjà été nombreux sur le sujet, mais à l’heure actuelle, il me semble toujours aussi primordial de la mettre en avant, tant elle résonne avec le climat mondial qui règne, comme un avertissement de ne pas laisser les évènements se reproduire. Ici, nous vivrons ce conflit d’un point de vue moins direct, celui d’un enfant, que l’on a caché dans le réduit d’une maison close, un quasi huis clos donc, peut-être moins frappant que ce que nous vivons habituellement, mais qui expose les faits plus subrepticement, plus insidieusement, mais avec tout autant de puissance, si ce n’est plus même, notre imagination reconstituant ce puzzle macabre de lui-même. C’est alors un métrage extrêmement sensitif, coupés presque de tout dans cet espace si réduit, tous nos autres sens se mettront en action, nous aurons la sensation de tout ressentir avec plus de puissance et plus important encore, notre esprit est mis à rude épreuve, c’est notre seul outil pour sortir de cet endroit, pour nous en évader, il tiendra donc un rôle principal, plaçant ce récit à une frontière floue, entre rêve et réalité. Pour autant, malgré l’obscurité ambiante, l’espoir parvient toujours à exister, la liberté étant incarnée dans ces instants où l’on parvient à sortir dans la chambre attenante, bien que le danger d’être surpris plane toujours, celui d’être dénoncé d’autant plus, mais ces moments sont empreints de lumière, d’une certaine joie et d’une innocence retrouvée, l’espace de quelques heures. La réalisation d’Emmanuel Finkiel est incroyable, elle s’adapte merveilleusement au cadre, il apporte une notion presque intimiste à l’ensemble, saura jouer avec le peu de ce que nous voyons de l’extérieur, à travers des interstices, qui se révéleront être des fenêtres sur le dehors, autant que le dedans, nous donnant cette sensation d’être les voyeurs de la réalité. Visuellement, très sobre, tout est une question de détails, d’ambiance, bien que nous soyons la plupart du temps des témoins indirects de ce qui se déroule, le peu de scènes où nous serons confrontés au pire, viendront nous marquer à jamais, l’image s’imprimant pour toujours sur nos rétines. En ce qui concerne le scénario, le pari était pour le moins risqué, vivre l’entièreté du film dans ce quasi huis clos aurait pu nous ennuyer, mais il n’en est pourtant rien, tout est parfaitement étudié, écrit à la perfection, dans une reconstitution de l’époque aussi minutieuse, qu’immersive. L’intrigue parvient donc à nous tenir en haleine, oscillant toujours entre les évènements qui se déroulent réellement et ceux que cet enfant imagine pour survivre, parce qu’il lui est impossible d’être confronté à la vérité, c’est un récit bouleversant, celui de survivants, qui sont parfois obligés du pire pour survivre et tenir jusqu’à la fin. Quant au casting, il est époustouflant, Mélanie Thierry y est extraordinaire, bien que très ambivalente et le jeune Artem Kyryk est bluffant de talent.
En bref : Un film qui aura pour cadre la Seconde Guerre Mondiale, mais qui saura lui apporter une autre perspective, de par son huis clos d’abord, mais également par le point de vue de cet enfant, être innocent s’il en est, pourtant confronté à l’innommable, lui qui survit tant bien que mal, s’évadant par la force de son imagination, nous faisant constamment osciller entre rêve et réalité, apportant une sensation très particulière à ce récit, profondément émouvant !
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