Encore une parfaite réussite du vétéran André De Toth à qui l'on doit de vraies pépites de la série B western comme la Mission du commandant Lex, les Massacreurs du Kansas et surtout le Cavalier traqué... Ceux pour qui le western se réduit à des chevauchées spectaculaires et des bagarres de saloon, seront surpris par la noirceur de ce film crépusculaire avant la lettre. De Toth a d'ailleurs choisi de le tourner en noir & blanc pour mieux souligner les vastes étendues neigeuses qui entourent une petite bourgade, et en renforcer l'atmosphère inquiétante.
A cette rigueur de la mise en scène, s'ajoute la force d'un excellent scénario écrit par Philip Yordan qui décrit sans concession les soufs et les blessures des différents personnages. Au départ, la situation est banale, mais tout bascule après l'arrivée d'une troupe de bandits dirigés par Burl Ives, acteur qu'on imagine peu dans un tel rôle ; le réalisateur et son scénariste renversent les rôles puisque Robert Ryan était à cette époque plus enclin à incarner ce type de chef de bande sournois et perdu. La situation banale devient alors originale, et l'ambiance de huis clos pour ces personnages coincés par la neige dans une bicoque, n'a certainement pas échappée à Quentin Tarantino qui s'en est largement inspiré pour ses 8 salopards, car tout repose sur l'attente de l'affrontement final.
C'est dire si ce western est peu banal ; la neige des extérieurs donne une image propre et épurée ainsi que de très beaux plans, les paysages distillent l'angoisse, les hors la loi s'agitent et deviennent nerveux, et tout va basculer dans un irrémédiable final tragique. Un western à (re)découvrir tant il est insolite.