La Fabrique du mensonge par Spectateur-Lambda

Un film qui même dans ses intentions voudrait parler d'une époque révolue, d'un pan historique, reste néanmoins un commentaire de la période où il sort. Un théoricien du cinéma, dont le nom m'échappe parlait de film à l'heure.


Le film qui nous intéresse ici n'a objectivement pas énormément d'atouts à faire valoir, sa mise en scène ne s'embarrasse pas de superflu et d'idées plus audacieuses que celles qui régissent un docufiction de télévision. Le scénario tient non seulement les promesses annoncées dans le synopsis et les autres s de promotions, mais aussi celles qu'on nous expose en ouverture du film, comme l'authenticité des dialogues qu'on nous précise avoir été retranscrits de vrais dialogues survenus entre les personnages historiques traités. Les acteurs sont dans l'incarnation scolaire, didactique. On dirait un film pensé et produit pour les scolaires et l'entreprise est noble, mais elle ne constitue pas l'essence du cinéma qui m'interpelle.


En revanche, là où le film devient ionnant et terrifiant c'est justement dans l'écho qu'il fait de notre époque. Au fur et à mesure qu'on observe et intègre les mécanismes de communication manipulatoires, mis en œuvre par le plus grand et efficace propagandiste de l'histoire, on ressent le malaise induit par l'étrange impression de familiarité qui en émane.

Le mensonge comme leitmotiv' à l'idéologie qu'on défend, ne jamais avouer une défaite et quand celle ci ne peut plus être dissimulée ou corrompue, désigner les responsables parmi le camp adverse, occuper l'espace médiatique à chaque instant, jouer sur les peurs ou les émotions plutôt que stimuler l'intellect. Les ficelles qui pourtant paraissent énormes ont ceci de sidérant qu'elles restent actuelles et permettent l'ascension de régimes aux inspirations non seulement totalitaires mais clairement néofascistes. Elles sont d'autant plus terrifiantes que si les formules créées par Goebbels étaient alors confinées à l'appareil nazi et donc relativement secrètes, elles sont aujourd'hui inscrites et mises en mouvement dans un monde global et connecté et que donc on aurait pu espérer une meilleure efficacité des gardes fous, qui ont clairement faillis.

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le 21 févr. 2025

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Spectateur-Lambda

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