Dans son premier film -à mon sens bien moins réussi que les suivants "L'esquive" et "La graine et le mulet"- Kechiche raconte la vie à Paris du jeune Jallel, immigré tout juste arrivé de Tunisie et bientôt privé de son autorisation de séjour. Vendeur à la sauvette dans le métro, logé avec d'autres infortunés dans un foyer, Jallel sera peut-être tiré d'affaire s'il contracte un mariage blanc avec une semi-compatriote.
Le réalisateur semble dessiner le parcours type de l'immigré maghrébin pour qui Paris et la ne sont pas, ne seront pas, l'Eldorado espéré. En quelques scènes ou simples plans, Kechiche en dit long sur la condition de l'immigré, sur sa précarité et sa solitude. C'est précisément pourquoi je trouve son film particulièrement long, voire inutilement dialogué dans certains ages.
Cela dit, et on s'en aperçoit dans sa seconde partie, le film n'est pas seulement le portrait de Jallel expatrié tunisien. Il est aussi celui d'une petite communauté hétéroclite de gens dans la difficulté dont le salut provient qu'ils forment comme une famille, la nouvelle famille de Jallel. A cet égard, comme subjugué par sa comédienne Elodie Bouchez, apparue à mi-film, et par son numéro d'actrice dans le rôle d'une jeune fille un peu dérangée et nymphomane, Kechiche accorde un peu trop de place à ce personnage filmé ostensiblement (c'est aussi la tendance du cinéaste dans d'autres de ses films, comme "La vie d'Adèle" par exemple...) Cette posture, dans cette partie, donne le sentiment que le film tourne en rond.