Petit précis de manipulation à l'usage des pervers

Contient des spoilers
Le film avait tout pour me déplaire : le piercing sur les seins à l’aiguille n°8 filmé de gros plan (un peu plastique le sein) et le club privé de richards oisifs pour qui une femme ne vaut guère plus qu’une bonne bouteille de vin. Les scènes dans la cave, distribution de croquettes incluse, sont probablement les plus abjectes moralement…tout en étant remarquablement filmé. La qualité du scénario de Suzan Rî (un seul scénario ?) et de la réalisation de Shogoro Nishimura empêche de se débarrasser à la va-vite de ce film sur un déplaisant fantasme sado-masochiste. Nous sommes surtout devant un précis de manipulation à l’usage des pervers avec des étapes non graduelles pour créer l’attente, l’espoir, l’amour, le consentement, l’envie et le besoin. L’homme séduit avec des roses, puis au premier rendez-vous il la sodomise en la violant dans des WC publics. Puis, il revient avec ses roses et elle accepte un second rendez-vous pour des « relations sexuelles normales », comme si la première fois n’était qu’un « accident » mais à présent elle sait qu’il peut y avoir des « accidents » avec son amant. L’alternance de cadeaux, de sexe, de dépendances physiques après avoir été droguée , d’acceptation de petites perversions qui deviennent la normalité et consacre la soumission et la dépendance de la victime mérite qu’on s’y attarde.
Le jeu de Jun Izumi est ici remarquable et donne une vraie dimension au personnage. Les deux autres personnages féminins Usagi Asô (Noriko, la copine) et Nami Matsukawa (Ryoko, l’esclave précédente) n’ont qu’un rôle accessoire.
Même si les réponses aux trois questions du roman porno ne relèvent ici d’un pur fantasme sadique, force est de constater que Nishimura les exposent avec tout son talent de réalisateur.

5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Roman Porno de la Nikkatsu (1971-1988) en vostfr

Créée

le 7 nov. 2021

Critique lue 385 fois

2 j'aime

TeryA

Écrit par

Critique lue 385 fois

2

D'autres avis sur La Femme aux seins percés

Critique de La Femme aux seins percés par Alligator

sept 2010: Sur bien des aspects ce film m'a fait songer à "Histoire d'O", une formation initiatique à la relation sado-masochiste dans le sens le plus concret et psychologique. Écrit et filmé avec...

Par

le 14 avr. 2013

3 j'aime

Petit précis de manipulation à l'usage des pervers

Contient des spoilers Le film avait tout pour me déplaire : le piercing sur les seins à l’aiguille n°8 filmé de gros plan (un peu plastique le sein) et le club privé de richards oisifs pour qui une...

Par

le 7 nov. 2021

2 j'aime

Questionnement sur le fond...

Sur un plan strictement formel, au delà de toute perception du contenu, je dois reconnaître un certain esthétisme, que ce soit dans le jeu d'éclairage ou dans la composition... soit une certaine...

le 12 avr. 2025

Du même critique

Petit précis de manipulation à l'usage des pervers

Contient des spoilers Le film avait tout pour me déplaire : le piercing sur les seins à l’aiguille n°8 filmé de gros plan (un peu plastique le sein) et le club privé de richards oisifs pour qui une...

Par

le 7 nov. 2021

2 j'aime

Belle adaptation du divin marquis

Adapté de « Justine », le film traite avant tout la pensée du Marquis de Sade et ne se complaît pas dans les sévices infligés à la pauvre jeune fille. Il en résulte une construction atypique pour un...

Par

le 23 juin 2021

2 j'aime

Drôle de façon de jouer aux cartes

Si je le trouve légèrement en-dessous d’ Orgasm: Mariko (1985) et de Woman in a Box (1985) dans le même genre, il n’est pas pour autant dénué de qualités. Il aurait dû s’approcher de la médiocrité...

Par

le 23 nov. 2024

1 j'aime