Maintes fois repoussé, LA GRAVITE de Cédric Ido sort enfin en salles, et j’en attendais peut être un peu trop. Le film plie un peu sous deux étiquettes trop lourdes à porter : le film de banlieue, avec ses codes vus et revus, et le film de genre français, qui pèche par manque de générosité, frilosité et budget ridicule. Cela se ressent : le film est trop court, le climax aussi, les dialogues écrits trop vite et parfois un peu faux, le seul rôle féminin pas aidé par une Hafsia Herzi qui prouve qu’elle n’est pas une bonne actrice. Heureusement, le film a assez d’ambition et de surprises pour fonctionner. Tout d’abord, Cédric Ido aime jouer avec la caméra et le titre de son film. Il ne se contente pas de filmer toutes ses séquences horizontalement, change d’angle de vue à chaque plan, privilégie les plans larges. Le réalisateur est l’un des rares à signer une atmosphère spéciale dans un film de banlieue et à trouver un vrai équilibre dans le traitement des trois protagonistes.
En effet, en filmant les tours comme des bâtiments gigantesques, très froids et secs de jour, illuminés par les lumières de la rue et celles des appartements la nuit, il témoigne du sentiment d’étouffement de la population et des trois protagonistes mais surtout apporte un caractère futuriste à la cité. Il parvient à nous intéresser à l’architecture de la cité en filmant les héros qui cherchent des cachettes, des trajets sûrs, des raccourcis tandis que les plus jeunes arpentent en moto les rues du quartier. Les trois acteurs principaux sont convaincants dans leur rôle, malgré des dialogues pas très fins. Le réalisateur saisit bien le sentiment d’être largué de l’ancienne génération par rapport aux jeunes dealers. Le film ose des séquences assez inédites dans le cinéma français : une scène nocturne hallucinée avec le déménagement d’un arbre, un hommage réussi à Transformers, une scène de fin qui donne tout son sens au propos du film.