Utopie vintage et romantique

Pendant quinze minutes, on pouvait craindre le pire. Qu'il fut inquiétant, ce premier quart d'heure, alternant chorégraphies pompeuses et doublage exécrable sur fond de musique bubble gum. La La Land, le carton de l'année, ne serait donc qu'une resucée ringarde de Grease, vulgaire et surfait ?
Non, heureusement non. Pour le bien de son film, Damien Chazelle a promptement choisi de troquer le kitsch pour le rétro. Et la comédie musicale balourde s'est transformée en romance artistique...
Pendant deux heures, nous voilà transportés dans ce que le classicisme a de meilleur. L'amour comme on n'en fait plus. On se tient la main au cinéma, on regarde les étoiles, on s'embrasse en fermant les yeux. Ça pourrait être ridicule - c'est juste romantique ici. Peut-être cela tient-il à la finesse de la mise en scène, ou à l'intelligence avec laquelle sont esquissés les enjeux périphériques du film : plaire au public, ou se réaliser artistiquement ? Vénérer la pureté du é, ou tenter d'évoluer en risquant de se compromettre ?
À ce dilemme, La La Land a trouvé une solution satisfaisante, rendant hommage aux codes de la comédie musicale avec une distance consciente mais respectueuse.
Les cyniques y trouveront matière à se gausser. Dans la vraie vie, les hommes ne sont pas des dandys à l'élégance irréprochable comme Ryan Gosling. Les femmes possédant le charme éblouissant d'Emma Stone ne restent pas amoureuses de nous bien longtemps. Et les atours old school de la romance feront hurler des cohortes de postmodernes en tous genres. La fin du film ne réconciliera pas non plus pragmatiques et romantiques. Sur l'amour, les réalistes ont sans doute même raison. Et alors ?...

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le 13 févr. 2017

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Hadrien Mathoux

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