Après le tsunami qui a ravagé la région de Tōhoku en 2011, une adolescente et une enfant sont recueillies par Kiwa, une étrange vieille femme qui les emmène vivre dans une ancienne maison sur la falaise. Là-bas, les jeunes filles tentent de se réadapter à la vie qui reprend son cours malgré les terribles destructions. Mais elles découvrent un autre monde dont Kiwa est la gardienne.
La maison des égarées est l’adaptation d’un roman japonais sorti 3 ans après le séisme de Tōhoku et réalisé par le peu connu Shinya Kawatsura (qui a surtout fait des séries d’animation). Cet animé plonge le spectateur dans le folklore japonais et nous offre toutes sortes de yokai.
L’histoire sert avant tout à exorciser le traumatisme de cette catastrophe en la personnifiant sous la forme du terrible Yeux Rouges. Les drames personnels de chacun sont également exposés, et l’auteur s’interroge sur l’accumulation de cette souf. Par ailleurs, à part le serpent géant, il n’y a pas de méchants dans cette histoire, juste des gens blessés (le père de Yui est une émanation symbolique du serpent). À noter que les kappas, pas toujours sympathiques, sont ici aussi avenants que des hobbits (ils aiment la bonne chère et ils chantent).
Graphiquement, le dessin est léger, délicat et souvent joli. Il offre de beaux paysages ainsi que des scènes quotidiennes paisibles avec notamment des plats saisissants de détails. La 3D est intelligemment utilisée pour les décors sans pour autant être visible afin de permettre d’immenses mouvements de caméra. C’est très bien. Enfin, le changement d’esthétique pour les narrations des légendes est une bonne idée même si le style brouillon rend la lecture parfois difficile.
La maison des égarées est un animé fantastique qui décrit les légendes toujours vivaces dans le Japon actuel. Il conte le travail de deuil et de résilience vital malgré les malheurs parfois terribles de la vie. L’histoire s’efforce de ne pas tomber dans le drame malgré son contexte et y parvient à force de merveilleux. C’est une belle réussite pour Shinya Kawatsura.