La piscine, c'est la confusion des sentiments quand l'ex amant d'une femme resurgit dans sa vie au grand désarroi de son amant qui fut le meilleur ami de cet homme. La force de ce film est de tout faire ressentir en suggérant jusqu'au dénouement où les masques tombent et que la vérité enfin formulée provoque le chaos. Avant cela, on ressent le souvenir délicieux de Marianne (Schneider) pour Harry, l'attirance de Jean Paul pour Pénélope ( un des premiers rôles de Jane Birkin).Tout est affaire de regards bien sentis ou de phrases un peu maladroites ou gênées. Jacques Deray a filmé cela avec une grande maîtrise et sans fioritures, matériau idéal pour François Ozon pour dessiner l'ambiguïté de son Swimming-pool des années plus tard. La piscine, c'est aussi graver l'intimité d'Alain Delon et de Romy Schneider sur une histoire de couple en crise alors qu'ils nageaient en plein bonheur. Un paradoxe qui a dû relever un vrai défi pour les deux acteurs qui ont dû se projeter dans des tensions qu'ils n'avaient sans doute jamais éprouvé aussi intensément. Au final, des scènes puissantes et habitées où on attend de voir lequel de l'ex amant ou du couple mis à mal va craquer.
Grâce à sa restauration récente, le spectateur a l'impression que la piscine n'a pas pris une ride mais la Gordini et le look des protagonistes nous rappellent au bon souvenir de la fin des années 60. Le film fait aussi que le milieu social de Jean-Paul,Marianne ou Harry est anecdotique puisque les émotions d'envie, de jalousie ou de sensualité sont universelles et l'essentiel est dans cette dramaturgie sous le soleil tient dans la physique que deux corps étrangers mis en présence finissent par faire d'étincelles car l'arène leur tend ses bras. A voir donc pour l'ambiance distillée, le jeu d'acteurs et pour la thématique pas très consensuelle pour l'époque. Alors,piquez une tête sans hésiter.