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La dictariat du prolétature

J’avais franchement aimé le premier volet de ce qui ne devait probablement pas être un diptyque (et encore moins un triptyque). Comme le veut ce genre d’intrigue, l’explication restait un mystère. Le risque d’un deuxième opus est la tentation de vouloir expliquer ce qui n’a pas besoin d’explication.


Dans cette espèce de prison verticale aux 300 et quelques étages, chaque niveau est occupé par deux pensionnaires. Une plateforme descend chaque jour pour nourrir tout ce monde-là. Dernier arrivé, dernier servi, premier affamé. Cette fois, un groupe tente d’imposer un fonctionnement visant à nourrir tout le monde.


La ficelle est un peu grosse, mais elle a le mérite de vouloir se confronter à l’ambition de départ. Ainsi, on se souvient que le premier film était, si on le dit de manière schématique, la parabole d’un système libéral poussé à son paroxysme, la survie du plus fort. Ici, c’est la réaction qui est mise en scène. Ainsi, là où la logique individuelle était éprouvée dans le précédent chapitre, c’est ici à la construction d’un système collectif que l’on assiste. Pour dire les chose clairement, l’individu ne pouvant pas faire abstraction de son penchant « naturel » à la sur-satisfaction de son besoin et à la sauvagerie, c’est au groupe d’imposer des règles et de s’assurer que celles-ci sont respectées. Pour ce faire, il faut une organisation et une autorité acceptée par le plus grand monde. L’adhésion à celle-ci sera consentie ou imposée et un des instruments peut être l’idolâtrie ou la foi. Il faut un messie et une narration du pouvoir. Donc la réponse à un libéralisme anthropophage serait la dictature redistributrice et protectrice. Dès lors, si l’idée a du sens, faut-il abandonner son libre arbitre pour préserver un système probablement favorable au groupe et in fine à chacun, Quelle que soit sa condition ? On le voit, c’est bien le même ressort qui est utilisé dans les deux films. C’est, de mon point de vue, l’intérêt majeur du film. L’autre point positif est la construction de l’intrigue, alternant discours philosophique crypté et scènes d’action tendues. Le point de regret, comme pour le premier volet, c’est cette volonté, en particulier lors de la conclusion, d’éclaircir ou d’épaissir le mystère de cette prison. Ici, la fin est clairement ratée.


Donc ? Donc la surprise n’est forcément plus au rendez-vous. Reste qu’il y a suffisamment de choses à glaner sur cette deuxième plateforme pour y trouver ce qu’on est venu chercher. Du reste, il est tellement périlleux de donner une suite à ce genre de films à concept, qu’on pourra saluer le travail fait sur ce scénario. Enfin, il est agréable de voir une production qui veut dire quelque chose et qui prend quelques risques. Conseillé à ceux qui auraient particulièrement adhéré au premier volet.


>>> La scène qu’on retiendra ? Aucune ne me vient à l’esprit, le film est un ensemble dont on peine à isoler une scène.

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le 18 mai 2025

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Konika0

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