La Poison par inspecteurmorvandieu

Sacha Guitry n'a sans doute jamais affiché autant de cynisme et de pessimisme que dans cette farce noire. Il y a un vrai désenchantement dans la peinture conjugale du couple des Braconnier, comme si l'auteur se plaisait à montrer l'avilissement de l'être humain davantage que la dégradation de la relation amoureuse ou conjugale. L'amertume se mesure derrière les insolences misogynes et les bons mots, dont Guitry a recours moins souvent, me semble-t-il, que par ailleurs, et on sent bien tout le mépris que lui inspire la société, provinciale en particulier, dont il moque la médiocrité populaire, la stupidité collective et l'esprit de clocher.


Le personnage de Michel Simon illustre la dualité du ton, tour à tour fantaisiste et dramatique, par sa nature sympathique et drôle autant que par ses sentiments cruels, féroces qui le conduisent à projeter le meurtre de sa femme. Crime dont la réalisation, portée par un humour noir souvent brillant, prend une dimension comique singulière par le fait

qu'il est précédé d'une "répétition générale", Braconnier consultant son avocat par avance.


De toute évidence, "La poison" puise son inspiration dans ce qui apparait un règlement de compte, plus qu'une critique, avec la justice, à laquelle Guitry semble ref le droit de juger. Il lui oppose, dans la scène du procès, le bon sens, voire la logique scandaleuse, de l'accusé Braconnier; lequel mène lui-même un débat irréaliste. On y décèle comme une odeur de poujadisme bourgeois, relevé par la causticité de l'auteur et par son impertinence provocatrice. Ses problèmes à la Libération n'y sont pas étrangers probablement...

8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Sacha Guitry

Créée

le 16 oct. 2024

Critique lue 5 fois

1 j'aime

Critique lue 5 fois

1

D'autres avis sur La Poison

Bonhomie d’un meurtre

Le générique d’ouverture de La Poison reprend une idée que Guitry avait déjà eue pour Le Roman d’un tricheur, où il intervient pour présenter son équipe, mais qu’il développe en apparaissant à...

le 5 mars 2021

25 j'aime

Satire cynique et sociale de la conjugalité en campagne ordinaire

La Poison c'est un peu, voir beaucoup l'histoire du hasard, une rencontre au détour d'une liste de films français, un titre mais surtout un pitch. En second, je vois Michel Simon, Mmmmh, Sasha...

Par

le 25 sept. 2015

23 j'aime

3

Je ne suis jamais assez saoûle pour oublier ta gueule

A peine lancé dans "La Poison", il m'a été gâché par un autre film que j'avais beaucoup apprécié il y a quelques années, j'ai nommé "Un crime au paradis", qui se trouve en avoir été le remake total...

Par

le 21 juil. 2012

16 j'aime

Du même critique

Critique de Calmos par inspecteurmorvandieu

Le film de Blier résonne comme une réaction au féminisme des années 70. Excessif et provocant, Blier renverse les rôles et ce sont les hommes qui réclament leurs droits, qui se refusent d'être la...

le 21 oct. 2024

3 j'aime

Critique de La Scoumoune par inspecteurmorvandieu

Le film a mal vieilli. Plus que jamais, l'image que José Giovanni donne du milieu, et de la pègre marseillaise en particulier, semble à l'évidence artificielle et fausse. Ses personnages, celui de...

le 17 oct. 2024

3 j'aime

1

Critique de Roméo et Juliette par inspecteurmorvandieu

L'ancestrale querelle entre Capulet et Montaigu prend d'emblée la forme d'une bataille de rue opposant maitres et valets des deux familles. Dès lors, la rencontre amoureuse et la ion fulgurante...

le 23 mai 2025

2 j'aime