La révolution silencieuse est de ces films qui s'améliorent au fur et à mesure que les minutes ent. Au début, c'était franchement la cata : personnages encore plus niais que niais et caricatures en veux-tu en voilà.Il semblerait que les lycéens commettent un acte politique sans finalement trop savoir pourquoi : par empathie pour les insurgés de Budapest, bien sûr, sur le coup de l'émotion (cela ne semble pas très réfléchi tout ça), mais peut-être aussi à cause de la fougue de la jeunesse (comme disent ceux qui le sont moins). On s'en doute, le professeur ne le prend pas très bien, et d'une petite minute de silence un peu à la va-vite, l'affaire prend de l'ampleur... La bureaucratie autoritaire monte les élèves les uns contre les autres, à qui craquera le premier afin de sauver sa scolarité (et de cause à effet, son avenir, à croire qu'on ne peut pas s'en sortir en Allemagne si on n'a pas le baccalauréat). Jusque-là finalement très classique et un peu barbant. Non pas que le sujet soit sans importance, bien au contraire, mais dans la façon presque manichéenne dont tout cela est montré, accompagnée de mélo à forte dose. A la décharge de Lars Kraume, le fait de savoir que c'est inspiré d'une histoire vraie renforce forcément un peu l'émotion.
Subrepticement, le film bascule. L'intrigue continue son cours, mais le é des parents et de leur pays se révèle, s'emmêle et devient quasiment aussi important que tout le reste. On est en 1956, encore peu de temps après la guerre, et celle-ci se rappelle brutalement à nous. Anciens nazis, collabos des russes, dénonciations, honte de « ceux qui restent »... Le é est loin d'être oublié et le film devient vraiment intéressant. Un personnage incarne très bien cette ambivalence : Erik, plus complexe qu'il n'y paraît, surtout à côté du grand blondinet tout gentil et de son meilleur ami un peu grande gueule mais tellement attachant. Autre sujet développé en filigrane : la « bataille » des propagandes Est/Ouest : à un moment précis, nous-même spectateurs ne savons plus ce qui se e vraiment (à moins d'être super calé en histoire allemande/hongroise). On ose à peine imaginer comment les personnes qui l'ont vécu ont pu s'y retrouver. Ces différents développements remontent nettement le niveau de ce petit film, qui sans cela serait resté un peu creux. On est en revanche loin d'une révolution comme le laisse entendre le titre français, auquel on préfèrera largement le titre allemand, beaucoup moins pompeux : la salle de classe silencieuse (« das schweigende Klassenzimmer »). Pleine de courage.