Comme d’habitude avec Kechiche, les personnages sont au plus prêt du réel. Bravo aux deux actrices principales : Lea Seydoux, la fille aux cheveux bleus -qui remonte dans mon estime en osant ce type de rôle- et surtout à Adèle Exarchopoulos, jeune inconnue surprenante pour laquelle on éprouve facilement de l’empathie. Comme dans La Faute à Voltaire, il s’agit d’une histoire d’amour loin des sentiers battus.
Disons-le de suite, ce qui m’a le plus dérangé est la longue scène de sexe lesbien, mais il s’agit simplement de deux femmes qui font l’amour (si j’ai été gêné c’est sans doute parce que mon esprit est plus conformiste que je veux me l’avouer). Cette longue scène très "sensuelle" est à mettre en opposition avec la première rencontre hétérosexuelle de Adèle, trop rapide et décevante. (Aucune interdiction au moins de 12 ou 16 ans en tout cas).
Un peu gênant aussi le montage au couteau lors de la scène de la dispute. D’une réplique à l’autre, on sent que les actrices s’expriment avec des degrés d’intensité fluctuants. Si la scène avait été filmée d’un seul et conservée en l’état, on aurait peut être mieux compris l’escalade de colère.
Pour revenir à Kechiche, on note un hommage à l’enseignement et à la littérature (lecture d’un extrait de Marivaux), des thèmes qui lui sont cher. On voit aussi très bien la pression du groupe au lycée (comme dans l’Esquive) et l’influence de la famille mais cette fois, comme dans la Graine et le Mulet, l’héroïne se détache de son milieu d’origine et parvient à assumer ses envies et les vivre. Là où le film aurait insisté sur la pression familiale / parentale, ici on sent bien que les parents d’Adèle désapprouvent son choix, mais c’est clairement secondaire, car comme le dit Sartre "chacun se définit par ses actes et ce qu’il fait de sa vie".
A noter aussi : une musique que [...]