En 1920, le commandant Delaplane est chargé d'identifier les centaines de milliers de morts et de blessés anonymes, hérités de la Grande Guerre. Un travail de fourmi, alors que les cadavres s’amoncèlent encore !
"La Vie et rien d'autre" aborde ainsi la Première Guerre Mondiale sous un angle original. Plutôt que de montrer directement l'horreur du conflit, Tavernier en montre en permanence les conséquences. Des familles brisées, un pays qui croule sous les victimes (à tel point que l'armée cherche à minimiser le nombre de cadavres), des objets nostalgiques ou meurtriers qui font surface régulièrement, la volonté de mémoire des communes et du gouvernement, et bien sûr des paysages apocalyptiques en réaménagement. Bref, se souvenir mais aussi reconstruire, chez les humains et dans la logistique !
C'est sur le plan visuel que le film frappe fort. Tourné avec une très belle photographie grisâtre, l'allure automnale et boueuse du film sied très bien à cet univers où tout est provisoire, et où les personnages et l'environnement semblent littéralement s'accrocher, ou s'appuyer, sur les ruines du é. Un grand soin est apporté à ce niveau, avec notamment bon nombre de figurants et des décors soignés.
Dans tout cela, on suivra avec attachement cet officier incarné par un charismatique Philippe Noiret, qui sera touché par la recherche de deux femmes, et qui tient à faire son métier proprement, malgré les entraves de ses supérieurs qu'il gêne. A ses côté, quelques seconds rôles hauts-en-couleurs. Dont plusieurs touches d'humour réussies, avec un sculpteur joyeusement infecte campé par Maurice Barrier, et une sous-intrigue très drôle sur la recherche d'un corps de soldat inconnu...
"La Vie et rien d'autre" est ainsi un beau film, et une approche originale sur la Première Guerre mondiale.