Forcément, de nos jours, impossible de ne pas penser à "Kill Bill" en découvrant "Shurayuki-hime" (ou "Lady Snowblood" en version internationale). Quentin Tarantino ne s'en est pas caché, il a allègrement pillé le film de Toshiya Fujita. Au niveau de l'intrigue de vengeance, des situations, du découpage en chapitres, ou du style graphique. Même "Flower of Carnage", la chanson du générique, a été directement reprise dans "Kill Bill" !
Mais on peut aisément mettre tout cela de côté pour apprécier le film de Toshoya Fujita, qui n'a nullement besoin de cette filiation pour se suffire à lui-même.
Le réalisateur a clairement cherché à faire un film avant tout dynamique. Dans la mise en scène, avec une caméra qui tourne et virevolte. Ou dans le récit, avec dans la première-partie de nombreux allers-retours temporels. Tout ceci n'a rien de gratuit, cela permet de mieux construire l'ambiance et les personnages.
Avec d'ailleurs une héroïne au statut presque surnaturel. Littéralement née pour venger sa mère et sa famille, forgée par la haine et les arts martiaux, elle foncera dans une fuite en avant sanglante.
Le film s'écarte aussi largement des classiques de films de samouraïs. Outre le fait que la protagoniste soit une femme, il se situe en pleine ère Meiji. Alors que le Japon avait commencé à s'industrialiser et s'occidentaliser, laissant loin son é chevaleresque. A l'image d'une scène finale de bal, étonnante pour le genre. Par ailleurs, la musique (dont la chanson générique) est contemporaine, typique 70's. Enfin, c'est un film en couleurs.
Et là, Toshiya Fujita nous régale. La photograhie est plutôt sombre, à l'image du récit, mais c'est pour mieux mettre les couleurs en valeurs. La neige et le visage pâle de l'héroïne, les costumes éclatantes, le rouge vif qui coulera régulièrement à flots... Visuellement l'ensemble est très réussi. Je serai moins dithyrambique sur les combats en eux-même, souvent expédiés, mais ce n'est pas vraiment le sujet du long-métrage.
Un film qui marque sans mal, bien après sa sortie.