2024 s’ouvre avec un des films qui la marquera de manière indélébile. Le réalisateur espagnol, fort de son expérience dans le film de survie avec The impossible, film salué par la critique, met ici tout ses talents de réalisateur pour proposer un film somme dans sa carrière qui l’impose définitivement comme un des plus grands réalisateurs de la jeune génération. Alternant grandes séquences à couper le souffle et une mise en abîme des personnages au plus près de leur émotions, en ressort un souffle épique d’une aventure de survie exceptionnelle, mettant l’accent sur les conflits moraux et religieux en abandonnant toute idée de sensationnalisme. Abordant la thématique du cannibalisme, la mise en scène met tout en œuvre pour le faire d’une manière subtile, en mettant en avant la dureté des scènes mais en soustrayant toute image grossière dans un but sensationnaliste ou misérabiliste. Une histoire de courage vaillamment mise en scène, appuyée par de jeunes acteurs presque tous débutants mais ô combien exceptionnels, ainsi qu’un scénario qui explore avec brio chaque possibilité, chaque dilemme moral avec grande précision. À titre de comparaison avec un film de survie en montagne, Everest n’arrivait pas à faire vivre sa flopée de personnages, même en s’appuyant sur un casting de haute volée. Ici, l’humanité est au cœur du récit et les personnages en font toute sa force. Enfin, il faut souligner la musique de Michael Giacchino qui vient accompagner l’émotion sans verser dans le tire-larmes, une juste mesure dont le film en fait son maître mot, tout est parfaitement maîtrisé, mature et juste. À l’occasion de sa venue à Paris où Juan Antonio Bayona présentait son long-metrage sur grand écran, il a expliqué avoir interviewé tous les survivants du crash, cumulant plus de quatre cents heures de rushes de témoignages, afin de correspondre au plus près de la réalité du quotidien de ces miraculés. Objectif réussi, l’expérience est immersive et inoubliable. Assurément déjà l’un des plus grands films de l’année.