Oui puis non.

Les films en territoire rural on le vent en poupe en ce moment comme le prouvent des œuvres à succès comme « Vingt Dieux » ou « La Pampa » en mais aussi le récent « Bergers » québécois (mais se déroulant en Provence). Et c’est d’ailleurs à une histoire de bergers que nous convie ce petit film irlandais qui prend davantage le forme, une fois n’est pas coutume, d’un suspense. Et tout cela commence d’ailleurs très bien avec une séquence anxiogène et mystérieuse. Dans la même veine, la première moitié de « Bring them down – Le Clan des bêtes » est un modèle de tension inscrit dans le paysage rude des campagnes profondes irlandaises et de ces fermes d’élevage qui ont de plus en plus de mal à subsister. Une rivalité et une haine qui fait suite à l’accident inaugural fait monter crescendo une pression sourde et sournoise sur le spectateur. On sent que quelque chose va mal tourner et qu’un engrenage malsain de violence se met en place. À ce niveau, c’est très réussi.


Le film met doucement en place ses pions et l’escalade de vengeance est parfaitement orchestrée avec une musique rare mais qui participe beaucoup au stress que l’on peut ressentir pour les personnages. Christopher Abbott et Barry Keoghan sont en outre des acteurs de qualité qui savent très bien nuancer leur jeu et nous faire ressentir avec peu de mots l’intensité de leurs ressentiments. Les seconds rôles du cru le sont tout autant. Bref, on a le droit à une oeuvre qui commence bien, de manière âpre et rêche avec une atmosphère lourde et sombre. Malheureusement, à mi-chemin, le film surprend avec une pirouette narrative inattendue et qui ne lui sied que très peu. On comprend le but et la symbolique derrière mais l’application laisse à désirer et, sans déflorer la surprise, on peut clairement dire qu’elle plombe littéralement « Bring them down – Le Clan des bêtes ».


La seconde partie du long-métrage est donc une pure répétition peu ionnante et beaucoup moins bonne que la première où la tension a tendance à disparaître et notre intérêt commence à s’évaporer plus les minutes ent. Au final, malgré quelques malins effets de miroir et une psychologie intéressante dans la relation entre les différents protagonistes, le film ne nous happe plus autant que durant sa première moitié. En outre, le rythme devient moins intense et on pourrait même dire qu’on commence à s’ennuyer. Et le fait que l’épilogue s’étire de manière inutile et maladroite n’aide pas avec une fin quelque peu sibylline en prime. « Bring them down – Le Clan des bêtes » commence donc fort mais se tire une balle dans le pied avec un choix narratif peu convaincant en son milieu qui handicape sa seconde partie nous laissant sur une impression mitigée.


Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma ion.

6
Écrit par

Créée

le 19 févr. 2025

Critique lue 622 fois

2 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 622 fois

2

D'autres avis sur Le Clan des bêtes

La vengeance manifeste

"Pour son premier long-métrage, Christopher Andrews s’inspire de son expérience familiale douloureuse. Il y dépeint des conflits intergénérationnels et religieux qui mènent à l’autodestruction des...

le 8 avr. 2025

4 j'aime

La laine sur le dos

Se laisser manger la laine sur le dos n'est pas quelque chose de très agréable, surtout quand on est éleveur de moutons. Dans Le clan des bêtes, les propriétaires de deux exploitations voisines,...

le 29 mars 2025

2 j'aime

Oui puis non.

Les films en territoire rural on le vent en poupe en ce moment comme le prouvent des œuvres à succès comme « Vingt Dieux » ou « La Pampa » en mais aussi le récent « Bergers » québécois (mais...

le 19 févr. 2025

2 j'aime

Du même critique

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

99 j'aime

12

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

83 j'aime

11