A partir d’un fait divers crapuleux (tuerie dans un relais de chasse), le réalisateur a privilégié une ambiance poisseuse, parfois angoissante (grâce à la musique de Frédéric Alvarez, en plus de morceaux classiques) et la psychologie des personnages (dont aucun n’est vraiment sympathique), principalement celle de Damien (Félix Lefebvre, 26 ans, excellent), étudiant sans amis, velléitaire, prenant les mauvaises décisions (il se décrit comme un étudiant voulant er pour un dur et n’étant, ni l’un, ni l’autre). Le scénario est dans la veine des romans durs de Georges Simenon (1903-1989), notamment de « La neige était sale » (1948), même si le contexte (la seconde guerre mondiale) est totalement différent. Le domaine du titre (situé en sud Loire), qui comprend un château et des bois peu giboyeux, est une zone grise où se mêlent les pauvres, prêts à tout pour gagner de l’argent et les riches (dont un chirurgien ripoux qui est une pâle copie du personnage titre des « Chasses du Comte Zaroff » (1932) d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, se contentant, comme arme, d’un lanceur de paintball), eux aussi prêts à tout pour se sentir vivants. A signaler aussi la présence de Raphaël Thiéry, apprécié dans « L’homme d’argile » (2023) d’Anaïs Telenne et le choix de la ville de Saint-Nazaire pour le tournage, mettant en valeur sa diversité et son originalité (destruction par les bombardements américains pendant la seconde guerre mondiale, proximité des sites industriels avec les habitations, tout en étant en bord de mer, ce qui en fait son charme) à travers sa base sous-marine allemande, ses chantiers navals de l’Atlantique et son pont au-dessus de l’estuaire de la Loire. Rien à voir avec « Les vacances de Monsieur Hulot » (1953) de Jacques Tati, tourné à Saint-Marc, quartier balnéaire de la ville.