Suite (trop) tardive

Les trois premiers films de la saga Le Flic de Beverly Hills sont pour moi des films de jeunesse et, même si je reconnais que le 3ème opus est bien en dessous des autres, je les aime au final tous les trois. Je n’avais pas envie de voir le 4ème film sorti directement sur Netflix en 2024 pour plusieurs raisons. La première, c’est que j’en ai un peu assez de ces franchises des années 80 ou 90 qui sont ressuscités, par fainéantise de trouver des idées neuves ou pour faire du pognon en faisant marcher la nostalgie. Laissez ces sagas culte là où elles sont, elles y sont très bien. La deuxième, c’est qu’il n’y avait clairement pas besoin de suite aux aventures d’Axel Foley, le raté de série au début des années 2010 qui n’a pas été plus loin qu’un épisode pilote était là pour le prouver. Mais entre la curiosité malsaine et l’envie d’avoir la saga complète sur le site ont fait que j’ai fini par visionner Le Flic de Beverly Hills : Axel F et, sans être honteuse, cette suite ne sert clairement à rien et ne provoque pas grand-chose, même chez l’amateur des 80’s / 90’s que je suis.

A vrai dire, ça fait très longtemps que ce 4ème film est dans les cartons, peu de temps après le 3ème film de 1994, mais le projet ne se concrétise pas. Il refait surface en 2006 lorsque le producteur Jerry Bruckheimer annonce qu’il a envie de ressusciter la saga. Un script est même finalisé et Eddie Murphy en semble content car proche du tout premier opus, lui qui a toujours regretté d’avoir fini la saga sur un 3ème opus qu’il n’aime pas. Brett Ratner (Dragon Rouge, la saga Rush Hour) est officiellement annoncé au poste de réalisateur, promet que le film sera R-Rated (et non pas PG-13 comme le 3ème film) avec un script annonçant un retour de Axel Foley à Beverly Hills pour enquêter sur le meurtre de son ami Billy Rosewood. Finalement, Ratner préfère ne pas adapter ce scénario et planche sur autre chose qui sera logique par rapport aux trois premiers films, s’interrogeant longuement sur le personnage de Axel Foley. Des pieds et des mains sont fait pour faire revenir les anciens, Judge Reinhold et John Ashton en tête, mais aussi des acteurs comme Ronny Cox ou Bronson Pichot. Le projet stagne mais Eddie Murphy annonce en 2011 que le projet ne se fera finalement pas et qu’il réfléchit pour adapter sa saga en série TV qui mettrait en vedette le fils d’Axel Foley, Foley lui-même étant désormais chef de la Police de Détroit. Un pilote est tourné en 2013 pour la chaine CBS sous la houlette de Shawn Ryan, scénariste et créateur de The Shield. Néanmoins la série restera à l’état de pilote mais la Paramount pense qu’il faut relancer la franchise au cinéma et les réalisateurs belges Adil El Arbi et Bilall Fallah (Bad Boys for Life) sont annoncés pour diriger ce 4ème volet. En 2019, Eddie Murphy lui-même annonce que le tournage commencera après celui d’Un Prince à New-York 2 et Netflix annonce avoir racheté les droits de ce 4ème film à la Paramount. Malgré quelques retards à cause du COVID-19 et un changement de réalisateur avec les deux belges qui laissent leur place au novice Mark Molloy, qui signera ici son premier long métrage, Le Flic de Beverly Hills 4 est prêt à voir le jour en 2023 mais se voit finalement repoussé à l’été 2024.

Avait-on réellement besoin d’un 4ème film, tout pile 40 ans après le premier film, 30 ans après le troisième, avec un Eddie Murphy aujourd’hui âgé de 63 ans et qui dit lui-même lors des interviews qu’à son âge, ça commence à être difficile de tourner un film d’action. Mais bon, l’appel du pognon est toujours là et quand on te propose 15M$ pour le rôle (40M$ selon certaines sources), soit plus que le budget total du premier film, il n’y a pas à réfléchir longtemps. Une chose est sûre, c’est que Le Flic de Beverly Hills 4 n’est clairement pas désagréable à regarder. Bien qu’il s’agisse du premier film de son réalisateur, la mise en scène est carrée. Mark Molloy semble savoir qu’il n’a pas le droit à l’erreur et qu’il ne doit pas juste singer ce qui a déjà été fait, ni tomber dans tous les pièges des suites / remake. Sa mise en scène est clairement au service du personnage d’Axel Foley, mais il n’abuse pas des références aux trois premiers opus et m’amuse même à faire des clins d’œil à Sylvester Stallone qui devait au tout départ incarner le personnage d’Axel Foley. Il est conscient que 30 ans séparent le 3 du 4, que le personnage d’Axel Foley commence à être vieillissant, tout comme les nombreux acteurs des précédents volets qui reviennent pour l’occasion comme Judge Reinhold, John Ashton, Paul Reiser et Bronson Pinchot. Certains gags font clairement mouche, et à aucun moment le film se fait désagréable. Le (gros) problème, c’est que Le Flic de Beverly Hills 4 est vain et ne sert au final strictement à rien. Il est même parfois un peu plat dans le sens où on regarde sans déplaisir mais sans qu’il ne procure réellement d’émotion. Le scénario a des airs de déjà vu, la relation entre les personnages de Foley et de sa fille est un peu artificielle, semble forcée, et l’ajout d’un nouveau coéquipier pour Foley, en la présence de Joseph Gordon-Levitt, n’apporte au final pas grand-chose. Alors oui, entendre de nouveau le célèbre thème “Axel F” du film amène forcément ce petit sourire lorsqu’on aime la trilogie originelle, mais on sort du visionnage en se disant “Mouais…”. Peut-être que ça marche mieux si on n’a pas vu les trois premiers films, mais en l’état Le Flic de Beverly Hills 4 est des plus moyens.

On ne e pas un mauvais moment devant Le Flic de Beverly Hills 4, mais ça reste un film relativement plat et vain qui n’a pas réellement de raison d’être. Au moins, l’esprit de la trilogie originale est respecté, c’est déjà ça de pris.

Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-le-flic-de-beverly-hills-axel-f-de-mark-molloy-2024/