[Mouchoir #8]
The Day the Earth Stood Still réactualise un peu l'effet Salaire de la Peur chez moi. On peine à rentrer pleinement dans la première partie trop candide, un peu fade et en demi-tons. Cependant, elle reste indispensable pour apprécier la construction de la seconde et la rupture qu’elle instaure.
Car Wise se joue ici doublement des codes. De manière générale, de ceux de la science-fiction et de l'épouvante des années 50 à Hollywood, en délaissant la peur de l'étranger convenue pour la sincérité non-manichéenne d'un message pacifique — moins naïf qu’on a pu le dire. Mais aussi, plus personnellement, de ses propres codes, reniant son rythme staccato pourtant caractéristique de son style, au profit d'une lenteur accentuée à outrance dans le montage. Public maintenant prisonnier, malgré lui, d'une tension immobile. Car si au début cela ne semblait pas évident, le titre prend tout son sens dès la moitié du film : aidé par la musique d'Herrmann, les tableaux que compose Wise semblent par moment étrangement figés, déployant enfin toute l'intensité du film, puisqu’il n'existe finalement qu'une seule et véritable peur à avoir dans ce contexte de Guerre froide, celle de la perte de la mouvance, celle de la fin de l'existence.
6,5.
[14/12/17]