Qui veut la peau de l'homme déconstruit ?

Consensuel, Le mélange des genres ne l'est pas tout-à-fait, mais la comédie de Michel Leclerc se veut au moins rassembleuse. Derrière ces récits burlesques, on sent un casting libéré, à commencer par Benjamin Lavernhe, qui devait bien se racheter après avoir incarné L'abbé Pierre juste avant que la vérité n'apparaisse au grand jour ; mais aussi Judith Chemla, elle-même victime de violences conjugales en 2022.

Burlesque, oui, car le film repose sur le comique des corps, celui grand et maigre de Benjamin Lavernhe, un homme déconstruit, celui de Mehla Bedia, maladroit mais sincère, ou encore ceux des collègues masculins de Léa Drucker, un peu trop décontractés au bureau. Mais burlesque aussi car, sous couvert de comédie, le film parle de sujets graves, comme les violences faites aux femmes, les plainte pas prises au sérieux au commissariat ou les crimes conjugaux.

Pour être bien compris, le duo de scénariste Leclerc-Kasmi taille des répliques explicites, quitte à les répéter, et inclut à son scénario des personnages qui recrachent la théorie, souvent par des chiffres. Si Le mélange des genres parvient à déer les clichés, sur les féministes militantes, sur les hommes déconstruits, et même sur les policiers incompétents, il repose sur un schéma somme toute assez classique qui empêche le comique de surprise (un ou deux gags, notamment ce verre qui ne se brise même pas quand l'homme doux et déconstruit le jette violemment par terre dans un excès de colère, sortent du lot).

Éloge de la douceur, Le mélange des genres ne s'engage pas ailleurs que dans ce discours rassembleur. À l'image de Paul (Laverhne), sorte de Benoît Brisefer qu'on ne croit pas vraiment quand il raconte les agressions qu'il a commises après avoir été accusé de viol, on finit par ne plus trop y croire, à ce beau finale qui propose naïvement de remplacer la phallocratie par une vaginocratie. Malgré ses qualités bon enfant, le film, pas bien méchant sauf envers les masculinistes radicaux ridiculisés qui refuse ce monde nouveau, ne quitte jamais le costume naïf du politiquement correct.

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le 23 avr. 2025

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Dormir_Debout

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