Présenté à Cannes, Julien Colonna signe, avec ce premier long-métrage, une œuvre d'une grande maîtrise, âpre et touchante, à l'intérieur de laquelle l'amour qui unit une fille et son père est inévitablement impacté par la spirale de violence dans laquelle s'est plongé ce dernier.
Co-écrit avec Jeanne Herry, le film trouve soigneusement son équilibre entre drame et thriller, entre sentiments intimes et règlements de compte, entre espoir et fatalisme.
Filmé à hauteur d'adolescente, il n'y a point d'héroïsme dans cette vision du grand banditisme, juste des êtres faisant ce qu'ils ont à faire, parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement, parce qu'il n'y a qu'une issue possible dans ce milieu une fois qu'on y met les pieds et si l'on veut (sur)vivre.
Et à l'intérieur de cet engrenage grandissant, faisant monter progressivement la tension autour de nos protagonistes, les forçant à toujours devoir regarder par-dessus leur épaule, il y a ces moments de vie partagés entre un père et sa fille (mention spéciale à ce monologue tragique et débordant de tendresse lors d'une soirée festive).
Un père qui doit payer les conséquences de sa vengeance, tout en tentant de protéger à tout prix sa fille, victime collatérale de ses actes.
Incarné par un duo authentique et en osmose totale (Ghjuvanna Benedetti et Saveriu Santucci), une œuvre forte sur les liens du sang face aux bains de sang, où la peur peut garder en vie, et où l'héritage de l'amour devient violence.
Et un premier film que je ne peux que vous recommander de découvrir en salle. 7,5-8/10.