François et Madeleine n'étaient pas de ceux qui étaient destinés à se rencontrer. Madeleine, enceinte d'un soldat allemand à la libération en 1944, a fait partie de celles dont on a rasé le crâne en signe de représailles. Quelques années plus tard, on la retrouve femme seule avec son petit Daniel, serveuse dans un restaurant de Dinard. François, étudiant en archéologie et fils d'une famille de la bourgeoisie industrielle de Lille, la rencontre sur la plage dans des circonstances un peu étranges : il sauve le petit Daniel qui court se jeter dans les vagues en voulant échapper à sa mère. François ne semble pas indifférent à Madeleine, et réciproquement. Le mariage ne tardera pas. Mais François est-il vraiment le mari qu'il fallait à Madeleine ? Au fond, que sait-elle de lui ? Et que sait-il d'elle ? C'est en venant vivre à Châteauroux, là où une base américaine de l'OTAN est alors installée, que François et Madeleine - par leur rencontre avec le bouillonnant et sensuel Jimmy - vont se révéler à eux-mêmes. Malgré cet épisode déstabilisant, le couple donnera l'impression de tenir et aura même une fille. On les verra beaucoup plus tard à Paris quand François sera devenu professeur. Sera-t-il alors vraiment parvenu à ne plus être celui auquel il a voulu échapper en épousant Madeleine ?
Le récit, qui suit un couple sur une quinzaine d'années et entremêle deux destins, réussit assez bien, malgré quelques maladresses, à rendre compte d'une époque où la société condamnait le fait d'être fille-mère ainsi que l'homosexualité. Au-delà d'interrogations sur le couple homme-femme et sa durée, sur le poids des origines, la question centrale que nous soumet la réalisatrice Ketell Quillévéré est à mon sens celle-ci : que peut-il se er quand on veut s'affranchir de ses désirs.
Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier ne déméritent pas, mais leur fallait-il toutes les louanges que j'ai pu lire ici où là.