Une grace à cooper le souffle.

Je l'avais déjà évoqué auparavant: il y a des films fragiles dont le sort et le jugement qu'ils inspirent dépendent presque entièrement de leur conclusion.
Avec une fin réussie, ces œuvres acquerront le statut "agréable moment dispensable mais sans enjeu"
Avec une fin ratée (95% de la production U.S. standard ?) cela les rangera dans la catégorie des aimables (ou désagréables) navets.


A l'opposé, il existe une catégorie de film, dont "high noon" fait partie, dont on ne soucie (presque) pas de leur dénouement: le déroulé a été si impeccable, si bien écrit, joué et filmé, que les dernières minutes, finalement, nous importent peu.


Tout a été dit avant.


Carl Foreman, scénariste victime de la black list, fait de ce western atypique un manifeste aussi fort que subtile contre le McCarthysme hallucinant qui s'est abattu sur le pays.
Une fable intemporelle et universelle sur la vie dans une petite communauté lorsque celle-ci est troublée par un évènement imprévu et violent. Les masques tombent, le vernis craque, les bassesses se font jour, les petites lâchetés s'accumulent, la rationalisation hypocrite domine les positions de chacun.


Une façon implacable de démontrer une fois de plus qu'unis un groupe peut tout réussir (tiens, ça pourrait être utilisé comme slogan politique, ce début de phrase...) alors que séparés par l'accumulation des intérêts particuliers, le pire est presque toujours certain.


(PS: encore plus que d'habitude, tout l'aspect française de ce film (titre, doublage, chanson) est à bannir pendant 597 générations)

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le 4 sept. 2011

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guyness

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