Dystopie ?

Y a-t-il un cinéma du Sud comme il y a une littérature du Sud ? En tout cas, si ce cinéma n’existe pas, Zeitin semble vouloir le créer. Il a pour l’heure réalisé deux films, et ces deux métrages se présentent comme étant la voix d’un certain Sud, et ce n’est pas celui des plantations. Intéressons-nous au celui-ci qui est son premier, adapté d'une pièce de théâtre.


Nous sommes probablement dans le bayou en Louisiane. Hushpuppy est une petite fille qui vit avec son père dans les marais. Là où ils sont, il n’y a rien qui puisse rappeler une Amérique qui serait Great. Au loin, derrière un mur, il y a le monde moderne. Quand débarque un ouragan dévastateur, c’est tout un mode de vie qui est remis en question.


Dur dur de rentrer dedans. Qu’est-on en train de regarder ? Un drame social ? Un film de SF ? Une fable ? Peut-être tout ça à la fois. Plusieurs sources d’étonnement. Le point de vue adopté est celui de la gamine et pourtant, ce film n’est pas du tout destiné aux gosses. Le rapport entre ce père, cet environnement et la môme interpelle sans cesse. Amour ou maltraitance ? La bouffe et l'alcool sont omniprésents dans des scènes triviales et orgiaques assez repoussantes. Il y a une part de magie aussi, contée par la gosse en voix off. Surtout, il a un discours à mots couverts sur le changement climatique, ses causes, ses effets. Ainsi, c’est bien la société civilisée, de l’autre côté du mur qui est responsable de l’effondrement, de la fonte des glaces. Mais cette société est plus ou moins protégée des cataclysmes. Tandis qu’Hushpuppy et les siens vivent de rien, recyclent, consomment nécessairement local, font avec leur environnement. Mais ce sont eux qui se prendront la tempête dans la poire. C’est bien leur mode de vie qui est condamné. Ont-ils la capacité de résister ? D’être résilients comme on dit aujourd’hui ? Ou doivent-ils partir, tels des réfugiés climatiques de l’intérieur ? On voit bien que les questions sont intéressantes, mais la mise en forme pourra rebuter. Reste que le pari est assez osé et le film marque les rétines. On pourra s’agacer d’une mise en scène parfois fake, de très gros plans inutiles et de caméra tremblante, ça donne un ensemble peu agréable, il faut le reconnaître. Et dernière chose, la VF est à fuir absolument. Le doublage, du père en particulier, est proprement calamiteux, surjoué et à la ramasse.


Bref. Un film indé intéressant pour les questions qu’il pose et pour son parti pris. Un résultat âpre et difficile. À noter qu’il a été reçu correctement par des mômes de 12 ans de mon entourage. Pas sûr qu’ils aient tout compris mais ils sont parvenus à rentrer dedans.


>>> La scène qu’on retiendra ? Le camp de réfugiés. La guerre est climatique. Elle est déjà là et bientôt ici.

6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Konika0 - Vus ou revus en 2025

Créée

le 19 avr. 2025

Critique lue 4 fois

Konika0

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Les Bêtes du Sud sauvage

No crying

Excusez mes faiblesses, ce sont elle qui font qu'un film me touche. Non ce n'est pas forcement sale. J'étais aller voir Tabou et derrière moi y'avait un groupe de gens qui avait l'air de trop en...

Par

le 28 janv. 2013

45 j'aime

5

« Once there was a Hushpuppy, and she lived with her daddy in the Bathtub. »

Film aux multiples récompenses (huit pour être précis dont notamment la Caméra d’Or à Cannes, le Grand Prix de Deauville, le Grand Prix du Jury de Sundance, le Prix Sutherland du meilleur premier...

Par

le 20 nov. 2012

36 j'aime

1

Approchez approchez ! Le nouveau cirque Des bêtes du sud sauvage est arrivé en ville !

Approchez approchez ! Le nouveau cirque Des bêtes du sud sauvage est arrivé en ville ! Venez y vivre l'histoire fabuleuse et onirique d'une petite enfant noire trop mignonne dans le bayou ...

le 7 janv. 2013

33 j'aime

15

Du même critique

Barbmos

Le hasard fait succéder Calmos à Barbie. Mais le hasard n’existe pas, diront certains. Et réellement, on tient là un concept bien plus porteur que le Barbenheimer supposé condenser toutes les...

Par

le 5 août 2023

6 j'aime

2

Commissaire Moulin contre les chasseurs masculinistes

Ce sont le synopsis mystérieux, l’affiche idoine et le succès critique qui m’ont amené à lancer le film. Que de vile tromperie dans ce monde. Ils sont deux frangins. L’un est commissaire de police et...

Par

le 21 mai 2023

6 j'aime

Un autre Carpenter

D’une certaine manière, L’Antre de la Folie occupe une place un peu spéciale dans la filmo de Carpenter. Il a quelque chose de différent et c’est ce qui m’a donné envie de le revoir. Un auteur à...

Par

le 11 sept. 2021

5 j'aime