Concurrent direct de Pixar depuis sa création dans les années 90, le studio Dreamworks Animation a toujours eu le plus grand mal a fournir des longs-métrages de la qualité d'un "Toy Story", se contentant trop souvent de tout miser sur un graphisme e-partout et sur un humour référentiel, là où le studio à la lampe bondissante cherchait avant toute chose la magie et l'émotion. Puis vint "Dragons", petite merveille d'heroïc-fantasy aussi amusante que spectaculaire, redonnant un sacré coup de fouet là où justement la concurrence commençait à montrer des signes de fatigue. Malheureusement, entre un "Kung-Fu Panda 2", un "Megamind" et un "Madagascar 3", on ne pouvait pas dire que Dreamworks ai transformé l'essai. Jusqu'à maintenant.
Tiré des livres de William Joyce, "Les cinq légendes" reprend à son compte les croyances les plus populaires et significatives (Pâques, Noël...) pour en faire une sorte de "Avengers" au pays du marchand de sable. Si l'on n'échappe bien évidemment pas à une certaine récupération typiquement américaine, il faut bien avouer que l'univers dépeint ici a sacrément de la gueule, délaissant les formules toute faites pour un spectacle basé avant tout sur la magie à l'état pure.
Aux séquences d'action frénétiques et à l'humour bas du front attendus, le film de Peter Ramsey répond par un respect bienvenu envers la mythologie qu'il adapte et par un sens du spectacle rafraîchissant, la caméra virevoltant dans tous les sens sans que l'on ne perde jamais le fil de l'histoire, tout en s'offrant quelques contreplongées du plus bel effet, couplé à un ton aussi léger que gentiment flippant.
Formellement magnifique, ne se réfugiant à aucun moment derrière un graphisme réconfortant, "Les cinq légendes" détourne efficacement ses icônes populaires (Santa Clause a l'air de sortir d'un épisode de "Sons of Anarchy", le Lapin de Pâques est digne d'une Tortue Ninja...), nous présentant des personnages ô combien vivants et attachants, paradoxes ambulants dédiant leur vie aux enfants tout en évitant soigneusement leur compagnie. A ce titre, le personnage de Jack Frost, d'abord vendu comme la caution "djeuns" du projet, est terriblement bien construit, électron libre ne croyant en rien d'autre que la déconne mais dont la soif de reconnaissance et la destinée seront au coeur d'un film où la finalité ne sera pas de sauver le monde mais bien de préserver l'émerveillement de l'enfance, ces petits bouts de choux aux grands yeux ronds et à la morve pendante étant définitivement les vrais gardiens du temple.
Ce film magnifique, à ranger aux côtés de "L'histoire sans fin" et du "Peter Pan" de Disney, leur est dédié, ainsi qu'aux adultes qui auront su garder une certaine innocence.
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