Vouloir comprendre le mal à la racine et devenir un monstre.

Entre inable altérité et naissance de l’abjection, Terence Fisher propose une exploration du motif du double psychique et du dédoublement de la personnalité. Une mise en scène flamboyante qui nous éloigne du gothique habituel des films de la Hammer. Néanmoins, on y retrouve une certaine esthétique de la folie, de l’étrange, de l’inquiétant. Plus étude psychologique que franchement horrifique, le film propose une variation originale de l'histoire bien connue de Stevenson. C’est une analyse minutieuse de la division intérieure d’un homme frustré et autodestructeur qui va devenir peu à peu l’esclave de son alter ego. La lutte intrapsychique entre le bien et le mal est fort bien mise en scène à travers une séquence où l’on voit Jekyll se regarder dans un miroir qui reflète le visage de Mr Hyde. Fisher fait de Jekyll un être psychotique (à cause de la division de sa personnalité) et de Hyde, un être pervers, qui n’est que la part cachée du premier, et qui va se libérer de toute conscience morale pour vivre ses pulsions et ses désirs sans tabous ni interdit ( sexe, drogue, violence et meurtre). La version d’un Mr Hyde sous l'allure d'un dandy séducteur est très différente des autres films où on le représente à l'inverse comme très laid, contrefait, grimaçant, tel un monstre ( chez Rouben Mamoulian ou Victor Fleming, entre autres) En outre, Terence Fisher donne une dimension sexuelle à certaines scènes osées pour l’époque. La censure britannique a demandé quelques coupes. Est-ce la cause de l’échec du film ?

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le 9 mai 2025

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cathVK44

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