Si la réalisation de The Shawshank Redemption est marquée par un très grand classicisme, ce défaut d'originalité permet néanmoins au récit de se dérouler sans véritable accroc dans le rythme. Les thèmes abordés, s'ils sont pour certains d'entre eux plutôt bien traités, ne sont en rien novateurs.
La force majeure de ce film demeure donc le soin attaché aux détails. L'exemple le plus probant est peut-être la scène dans laquelle Brooks présente le corbeau qu'il a sauvé et nourri. Or, le corbeau n'est pas dans l'imaginaire collectif un oiseau qui attire la sympathie, bien au contraire. Par la suite, une fois libre, Brooks ne reverra pas son corbeau, ce qui fait naître plus ou moins clairement une notion de déterminisme puisque malgré les soins apportés par le prisonnier à l'animal blessé, ce dernier va tout de même se montrer in fine ingrat.
C'est sur ce point que The Shawshank Redemption est particulièrement dérangeant : son message. En effet, le premier point à retenir est qu'il faut absolument continuer de garder espoir et persévérer dans l'effort. Si ce n'est que cette morale soit un tant soit peu niaise et inintéressante, le film pose davantage problème s'agissant de sa deuxième idée. En effet, la notion de déterminisme développée tout au long du film selon divers angles met extrêmement mal à l'aise. Dès le départ, Andy Dufresne est décrit en référence à ses caractéristiques psychologiques puisqu'il est défini comme un homme froid, calculateur et introverti. Or, ce sont ces qualités qui vont lui permettre de résister à l'institutionnalisation de la prison tout en s'adaptant rapidement à la vie carcérale.
De la même façon, c'est sa foi inébranlable dans la philosophie du self made man et l'individualisme qui vont lui permettre de s'évader tout en réussissant à s'adapter au monde extérieur. A l'inverse, le personnage de Brooks, qui a été institutionnalisé, ne résiste pas à la pression du capitalisme et l'individualisme. Aussi, à l'exception de Red qui a été "converti" à la philosophie de Dufresne, les autres criminels ne réussissent pas à s'adapter à un autre environnement que celui de la prison. Il convient toutefois de noter que si Red part redre Andy au Mexique, il ne seront pas associés, Red se contentant d'être au service de l'ex-banquier. D'ailleurs Dufresne résiste à l'institutionnalisation car c'est le seul véritable innocent dans l'établissement carcéral.
Même si certains parallèles sont effectués entre le monde extérieur capitaliste et l'univers carcéral afin de démontrer que ces deux systèmes ne sont pas si éloignés, cette critique n'est pas convaincante dans la mesure où l'enfermement subi en prison n'a tout de même pas grand chose à voir avec la soumission ive des consommateurs libres.
Sur la forme, la photographie est de faible qualité et ne permet pas une immersion totale. La voix-off de Morgan Freeman apparaît davantage comme une facilité narrative qu'une véritable valeur ajoutée au film. Plus dérangeant encore : la fin cherche par tous les moyens à tirer les larmes au spectateur, laissant de côté toute subtilité.
Si le rythme de l'œuvre permet de regarder cette dernière sans déplaisir, le manque de finesse et l'accumulation sans mesure de (pas toujours) bons sentiments finit véritablement par irriter.