Au nord du Chili, là où le désert et l’océan se mélangent, des hommes s’échinent à ramasser des algues charriées par les vagues. Comme s’il s’agissait d’or noir, ils ne vivent pour de ça et se démènent pour en récupérer le plus possible.
Le film ne dure que 74 petites minutes et pendant ce court laps de temps, les questions ne cessent de nous submerger. Qui sont ces gens ? Que font-ils ? Où sommes-nous ? Pourquoi font-ils ça ? A quoi ou à qui sont destinées ces algues ? Le documentaire de Stéphane Breton ne nous laisse clairement pas indifférent. Dénué du moindre dialogue, le film est accompagné d’une musique et surtout, d’un sound design très travaillé (les bruitages et le son environnant nous invite au voyage). Comme l’explique d’ailleurs très bien le réalisateur, « c'est un film à voir avec les oreilles et à écouter avec les yeux » et le voyage va assurément en dérouter plus d’un.
D’entrée de jeu, on se retrouve au milieu de nulle part, dans un décor où, d'un plan à l'autre, on alterne les paysages lunaires d'un côté et apocalyptiques de l'autre. Le cadre est posé, on se croirait dans un univers à la Mad Max (1979), les carcasses de voitures rouillées jonchent le sol face à la mer et côtoient les ossements de divers mammifères marins, tandis que tout autour, on se croirait dans une décharge à ciel ouvert, des déchets en tout genre recouvrent le sol. Pendant qu’aux alentours, les collecteurs d’algues tirent péniblement leur pêche du jour, transbahutée dans des pickup hors d’usage, de véritables épaves qui ne demandent qu’à mourir (sans toit, ni pare brise et encore moins de porte, ce ne sont plus que des structures métalliques sur roues).
Les Premiers Jours (2024) nous invite à un voyage irréel et poétique où le spectateur est volontairement laissé dans l’incompréhension la plus totale. Un documentaire expérimental qui n’est pas sans rappeler Leviathan (2013) de Lucien Castaing-Taylor & Verena Paravel pour sa mise en scène si particulière.
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