Les chiants aboient, la carapace vanne.

Il est très facile de tirer à boulets rouges sur ce film. Oui, les costumes et effets spéciaux sont parfois risibles. Oui April O'Neil vit un véritable drame capillaire et n'est pas particulièrement sexy. Oui le jeu des acteurs est souvent plus qu'approximatif, et oui, l'ensemble ressemble à s'y méprendre à une gigantesque coquille vide.

Mais.

"Teenage Mutant Ninja Turtles", c'est avant tout un univers tortu(e)ré. La photographie est étonnamment propre. John Fenner propose de chouettes compositions, de nuit notamment, dans des ruelles sombres, sous une pluie battante. La musique de John Du Prez donne un cachet, elle est on ne peut mieux adaptée à ce qui se déroule sous nos yeux de gamins émerveillés. Il y a presque un côté film noir décomplexé pour gosses, qu'une multitude de détails viendra mettre en valeur. Une ambiance dark certes, et bon enfant. L'humour fait souvent mouche, les dialogues sont d'ailleurs ponctués de punchlines et jeux de mots fleurant bon les années 90. Un mélange de noirceur et de légèreté qui peut surpendre. C'est sûr que carapace ou ça casse...

Et puis il y a les tortues. Peu de temps après être allé refaire un tour dans les Carpates, me voilà donc, redécouvrant ces quatre carapaçés qui accaparent l'écran. S'empiffrant de pizzas quatre fromages plutôt que de carpaccio, ne se carapatant jamais à quatre pattes devant l'ennemi, notre groupe de héros est affublé de costumes qui paraîtront grotesques aux yeux de certains. Pour ma part je trouve que tout ça ne vieillit pas trop mal, mieux que si l'on avait eu affaire à de vieux effets numériques d'époque, à n'en point douter. Marrant aussi de remarquer comme d'une oeuvre des quatre Testudines à l'autre, Domino's et Pizza Hut se disputent l'encart publicitaire disponible. Leur mentor possède également un rendu assez naturel, si on peut l'exprimer en ces termes. Impliquant les bestioles mutantes à cette sombre affaire au point de barber Shredder, c'est le destin de ce dernier que Splinter scelle.

L'exposition à la matière radioactive, l'évolution de quatre caractères très différents, puis l'apprentissage de l'art ninja n'est certes jamais très développé, mais le survol est fait dans les règles de l'art d'époque, et les choix opérés assurent la bonne fluidité du récit. En même temps "Les Tortues Ninja" c'est de l'entertainment pur, pas toujours subtil, à l'image de l'excellent Casey Jones (Elias Koteas au top !) mais au moins c'est du divertissement qui s'assume, et ça, c'est beau. En plus le méchant en impose vraiment avec son costume de tengu, et Sam Rockwell himself vient faire coucou, si ça c'est pas un gage de qualité.

En m'attardant quelques instants sur les inspirations du comics originel, je ne pense pas me tromper en affirmant qu'au sein de la filmographie de Steve Barron, "Teenage Mutant Ninja Turtles" en constitue la Chapelle Sixtine. Heureusement pour nous, contre le Mal, inlassablement, les tortues luttent.
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le 21 mars 2015

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Gothic

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