N'ayant connu aucun succès au box-office, Rian Johnson se retrouve miraculeusement à tête d'un budget de 30M$ pour filmer Bruce Willis chauve qui voyage dans le temps pour déjouer un terrible complot. On pourrait croire à un 12 Monkeys vs Minority Report, mais ce serait mal connaître Rian Johnson !
Rien est un type hyper inventif, érudit et soigneux qui a prouvé avec Brick et surtout son célèbre épisode de Breaking Bad avec la mouche qu'il pouvait sans effort balayer les a priori d'un revers de la main et capitaliser sur l'ambiance et la psychologie des personnages.
Et Looper ne déroge pas à la règle.
Pour commencer, il s'agit d'un vrai film de Science-Fiction. Je veux dire par là qu'il n'a pas situé le film dans cet univers pour faire un simple étalage de gadgets nauséeux... Il se sert du décalage de la SF pour parler de thèmes qui nous sont proches, nous les humains de 2012. C'est évidemment la prérogative de la SF, mais cette valeur semblait bannie d'Hollywood depuis des années, alors en revoir un exemple probant ça fait du bien !
N'allez pas penser que le film en devient chiant, il est au contraire captivant, sait être drôle aux moments opportuns et offre son lot de fusillades fracassantes !
Et puis, ses astuces et audaces narratives ( reraconter le point de vue de Bruce Willis... Prendre une demie-heure à mi-chemin pour présenter Sid... ) s'avèrent payantes et impliquent une authentique réflexion sur le destin, l'éducation, l'enfance bafouée, ou encore la perte de nos proches...
Frappé par le drame, le personnage de Bruce Willis va progressivement se changer en véritable psychopathe obsessionnel alors que Joseph Gordon Levitt est là pour montrer qu'il en aurait pu être autrement.
Situé dans un monde où la vie n'a plus de valeur, Looper parvient au terme inéluctable de son déroulement à y croire à nouveau.