Louise Violet confirme l’application d’un dispositif d’écriture et de mise en scène cher au petit cinéma d’Éric Besnard : s’emparer d’un sujet historique à résonnance contemporaine (la gastronomie et la naissance du restaurant dans un contexte d’abolition des privilèges, la reconnexion à la nature et à la simplicité d’un riche entrepreneur, ici la conquête républicaine des campagnes par l’École), le concevoir par projection d’un étranger dans un territoire qui ne veut pas de lui et avec lequel il doit apprendre à cohabiter, suivre la linéarité de son parcours émancipatoire au moyen de facilités et de bons sentiments.
Une telle recette trouve, dans le film qui nous intéresse, d’évidentes limites tant l’ensemble demeure à la surface des enjeux individuels et collectifs, schématise les caractères ainsi que les relations entre les personnages, impose l’ellipse ou le sommaire à la place d’une représentation de l’installation concrète de l’instruction : les élèves sont interchangeables, ne disposent d’aucune singularité, les cours dispensés et activités proposées servent à des séquences musicales où s’énumèrent les transitions esthétisantes sur la misère sublimée en prétendue beauté. La lecture en voix off de la correspondance de Louise Violet assène les coups d’une authenticité forcée, que le film échoue à restituer autrement que par une linéarité narrative régie par l’illusion rétrospective – je pars de ma connaissance du présent, que j’exploite comme point d’arrivée, et je remonte le fil du é – et par des artifices grossiers. Reste Alexandra Lamy, convaincante dans le rôle-titre.