Les vieux Woody Allen sont de véritables pépites. C'est incroyable de voir à quel point tout semble si naturel : les éléments s'enchaînent avec une fluidité évidente, avec tout cet aspect narratif très travaillé, comme cette intro avec ses doutes au niveau du style... Cette façon d'écrire, d'aborder les choses, se donner un côté hésitant... Tout ne fait que mettre en lumière l'équilibre et la maîtrise de l'ensemble.
Pas évident en effet de réussir à retranscrire la complexité du New-York des vieilles années, avec tous les différents mouvements et autres idéologies opposées que l'on pouvait rencontrer à l'époque. Du coup, le premier dialogue entre Isaac et Mary est génial de naturel, avec son côté terre-à-terre malgré cet humour et cette ironie permanente. Bref, le "name dropping" qui parcourt le film est loin de la prétention que l'on pouvait craindre : tous ces procédés sont nécessaires pour évoquer la vie culturelle de la ville, et ne pas se contenter de paysages de cartes postales.
En plus d'être proche de la ville, Woody Allen est proche des personnages. Plus il évoque leurs doutes et leurs relations croisées complexes, plus le film s'enracine dans quelque chose de concret et pertinent. Même les scènes les plus naïves en apparence restent pleines d'intérêt, car fondamentales pour la progression du récit : lorsque Isaac et Mary se protègent de la pluie avec un journal, le final...
Les intrigues croisées sont efficaces car la personnalité de chacun des personnages est poussée à l'extrême, fouillée jusque dans les moindres recoins. C'est ce fourmillement de détails à travers l'individualité des personnages qui fait la force du film, en quelque sorte. On se retrouve témoins d'une époque, d'un microcosme bien plus complexe qu'il n'y paraît.
Et puis bon, les dialogues sont parfaits, quoi qu'il en soit.