Dans un petit village de Provence, les gendarmes recherchent Manon, la fille du « bossu des sources », qui s’est tué à la tâche car il devait s’approvisionner en eau chaque jour à plusieurs kilomètres. Combien de cinéphiles ont découvert la Manon des sources de Pagnol après celle de Berri qu'il ne faudrait pas d'ailleurs vouer aux gémonies car elle a aussi des qualités, bien différentes du film de 1953 lequel précède de quelques années le roman de Pagnol, L'eau des collines, qui raconte l'intrigue autrement (c'est le livre qu'adaptera Berri). Ce qui frappe le plus dans les deux films de près de deux heures qui composent Manon des sources, c'est que Pagnol aime à prendre son temps et tant pis si ses scènes sont plus théâtrales que cinématographiques, lestés de dialogues souvent savoureux (Le jeu du poil) mais parfois trop abondants. Au-delà du caractère tragique de son histoire, c'est l'évocation chaleureuse et lyrique de sa Provence qui séduit dans ce film qui reste remarquable malgré ses défauts de mise en scène (faux raccords à profusion) et une actrice principale, oui Jacqueline Pagnol, qui à du mal à se rendre crédible dans son rôle de sauvageonne, surtout avec ce phrasé si particulier. Heureusement qu'il y a à ses côtés Rellys, Fernand Sardou et l'immense Charles Blavette. Pour sa part, Raymond Pellegrin n'est pas mal du tout, bien qu'étranger au petit monde de Pagnol.