Une impression de déjà-vu

Sorti en 2021 et réalisé par Lana Wachowski (en solo et sans sa sœur), Matrix Résurrections est le quatrième volet de la saga Matrix, transformant la trilogie originelle en quadrilogie (et plus si affinité). Sont de retour, Keanu Reeves (Thomas Anderson/Néo), Carrie-Anne Moss (Trinity), Jada Pinkett Smith (Niobe) et Lambert Wilson (Le Mérovingian), mais sinon, tout le reste du casting sont des petits nouveaux dans l'univers Matrix. Tout en reprenant les fondamentaux de la trilogie de base, Résurrections casse les codes de la saga. On peut y voir du fan-service, mais en fait non, ça n'en est pas vraiment. C'est un brulot antisystème, contre Hollywood ... et en même temps c'est un pur blockbuster hollywoodien. Ce film est schizophrène. Quel est son but ? Quel est son message ?

Résurrections porte bien son nom, puisqu'il s'agit de la résurrection de Néo et de Trinity et tout l'enjeu du film est de les réunir. L'autre enjeu au début du film, c'est de nous faire croire que tout ça, la Matrice, ça n'a jamais existé. La trilogie Matrix, c'est en fait une série de jeux vidéo dont le concepteur serait Thomas Anderson/Néo. C'est donc un discours méta, avec le film (ou plutôt le jeux vidéo) dans le film. Le spectateur est comme Néo et finit par douter de l'existence de la matrice ... mais en fait non, la matrice est bien réelle, tout comme l'histoire d'amour entre Néo et Trinity. On retombe alors sur la lutte entre les humains et les machines, comme dans la trilogie originelle. La seule nouveauté, c'est qu'il y a des machines qui s'allient avec le humains.

Matrix Résurrections joue avec les codes de la première trilogie, mais présente aussi de nouveaux concepts et personnages. Parmi les nouveaux personnages, il y a Bugs (Jessica Henwick) et l'Analyste (Neil Patrick Harris). Bugs est un personnage féminin qui rappelle d'un certain côté Trinity, dans son côté femme badass. L'Analyste quant à lui est le psychanalyste de Néo qui le nourrit régulièrement de pilule bleue pour le conserver dans l'illusion que tout ça (la matrice) c'est réel. C'est donc le principal antagoniste du film et il remplace l’Architecte comme le nouveau concepteur de la Matrice (la nouvelle itération). On découvre également les nouvelles versions de Morpheus (Yahya Abdul-Mateen II) et de l'agent Smith (Jonathan Groff). Ce Morpheus là ne ressemble en rien au Morpheus que nous connaissions dans la première trilogie. Ici c'est un personnage plus coloré (toute une collection de costumes, de toutes les couleurs) et déconneur, ce qui est assez déstabilisant. Quant au nouvel Agent Smith, son rôle est très mineur ici, limite anecdotique.

é le plaisir des retrouvailles avec tout ce petit monde et des clins d'œil à la première trilogie (amenés au forceps, avec ses extraits des anciens films à tout va ), on finit par perdre de vue le message du film. Et ne parlons même pas des combats illisibles et du manque d’inventivité dans les effets spéciaux. Dans le premier Matrix et même dans ses deux premières suites, les sœurs Wachowski ont inventé un nouveau code visuel, la chorégraphie des scènes de combat étaient somptueuses et les scènes d'action étaient sophistiquées, avec des ralentis et la camera qui bouge a 360 degrés (le bullet time). Plus le film avance, plus on tombe de fatigue, jusqu'à carrément s'écraser sur le générique de fin qui nous fait saigner les oreilles en nous ant une mauvaise reprise de Rage Against the Machine.

La raison d'exister de ce film explique en partie son coté bancal. Si Lana Wachowski a rempilé, contrairement à sa sœur Lilly, c'est pour deux (mauvaises) raisons. La Warner voulait relancer la franchise et ceci avec ou sans elles ... ça se fera donc avec Lana. Matrix 4 c'est aussi l'occasion pour Lana, de retrouver le couple "doudou" qu'est Néo et Trinity, pour faire son deuil de la mort de ses parents. Résultat, on a une première partie très intéressante qui déconstruit toute la franchise et qui fait une critique d’Hollywood, mais aussi des attentes d’une grande partie des spectateurs qui ont toujours envie de voir la même chose (les franchises). Dans la deuxième partie du film, Lana fait machine arrière et revient aux fondamentaux de la "franchise" et on retrouve la matrice de la première trilogie.

Pour moi, ce n'est pas une question de savoir si le film a une raison d'exister ou pas, comme ce fut le cas pour les deux premières suites (Reloaded et Révolutions), mais de savoir si on a toute les clefs pour "voir" au delà du code. C'est un problème récurent dans la filmographie des sœurs Wachowski. Leur écriture sur plusieurs niveaux, avec des références méta (l'ultime troll post-générique), parasite le message initial. Je trouve donc un peu regrettable que la seconde partie du film tombe dans un Matrix classique (l'apparition de Lambert Wilson est risible) alors que la première partie (les quarante premières minutes) partait dans une direction vraiment originale. C'est comme si Lana Wachowski tombait dans les travers qu'elle dénonçait.

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le 18 mars 2025

Modifiée

le 19 mars 2025

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lessthantod

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