Il y avait tout pour faire un joli film, un beau petit rouage bien huilé. Mais voilà, certaines pièces ont été mal choisies, d'autres mal assemblées. On retrouve bien la patte de Gondry, cette envie de naïveté assumée, de bricolage poétique. C’est ce qui faisait tout le charme d’Eternal Sunshine, porté par un Jim Carrey bouleversant. Ici, on aimerait y croire tout du long, mais non… ça ne prend pas.
J’ai cherché ce qui coinçait, et je crois que le film ne choisit jamais vraiment entre deux visions fantasmées de la jeunesse : celle d’hier ou celle d’aujourd’hui, celle du cinéma indé ou celle plus “grand public”. Résultat, on sent que les jeunes acteurs ne sont pas toujours convaincus par ce qu’ils jouent, et ça s’entend dans les dialogues. Par moments, les intonations sont à la limite du able, et l’interprétation reste trop plate pour vraiment embarquer le spectateur.
Filmer l’adolescence, c’est toujours un pari risqué — encore plus quand on y projette ses propres souvenirs, ses propres blessures. D’autres s’en sortent très bien : Les Géants de Bouli Lanners ou Max et les maximonstres de Spike Jonze, par exemple. Dans ces films-là, on y croit à 100 %, même quand l’imaginaire part loin. Ici, on reste au bord de la route.
Et c’est dommage, parce que Microbe et Gasoil a quand même le mérite de proposer un récit initiatique différent, loin des clichés glauques de l’adolescence (drogue, violence, mal-être profond). On suit deux ados ni en galère, ni dans l’urgence, mais qui se posent des questions, en avance peut-être sur les autres. Et ce n’est pas si fréquent.
Reste quelques beaux moments, heureusement. Les premières images de la maison roulante, par exemple, sont superbes. Ou certaines scènes bien vues sur le monde des adultes — je pense notamment au dentiste, archétype hilarant de l’adulte névrosé. Là, on retrouve Gondry, celui qu’on aime. On aurait juste aimé qu’il s’offre un meilleur casting pour porter ce joli projet jusqu’au bout.