Mission: Impossible - Le Jugement dernier

Quasiment 30 ans après son lancement au cinéma, l'une des plus célèbres et qualitatives (hormis le 2e volet, avec lequel j'ai vraiment du mal) sagas d'action-espionnage nous sort cette année son 8e volet, qui se présente comme un (possible) baroud d'honneur aux aventures de l'agent Ethan Hunt et de son équipe de la Force Mission Impossible.


Alors, ce «Final Reckoning» (ou «Bilan final» au Québec) s'est-il montré à la hauteur ?


Malheureusement, pas autant que je l'aurai espéré.


Se présentant comme une 2nde partie au précédent «Dead Reckoning» (qui présentait déjà quelques défauts en terme d'écriture et de rythme, malgré un bon moment é en salle), cette dernière (?) mission (et 4e film écrit et dirigé par Christopher McQuarrie au sein de la saga) veut mettre au centre de son récit Ethan Hunt, ses actions ées et ses conséquences présentes. L'homme derrière l'agent. Et en faisant cela, boucler la boucle de la saga.


L'intention est plus que louable et fait quelque part sens de par l'évolution du personnage de Hunt au fil des films. Son exécution, elle, est plus faillible.


S'ouvrant sur un flash-back (ce que le film fera à plusieurs reprises, rafraîchissant la mémoire de celles et ceux qui ne se souviendraient plus trop de la saga) en mode best of, en y déroulant des extraits de certaines des scènes les plus emblématiques des précédents volets, ce blockbuster colossal (au budget estimé à 400 millions de dollars) a du mal à trouver son rythme et à s'incarner comme il faudrait, ayant par moments les yeux plus gros que le ventre, et créant ainsi une sorte de déséquilibre au cours du récit, entre le trop et le pas assez.


À l'image de cette grosse première heure d'exposition laborieuse, où l'on veut absolument reconnecter tous les volets entre eux, pour le meilleur (William Donloe ou la fameuse patte de lapin) comme pour le pire (Jim Phelps Jr., vraiment ?), tout en y introduisant de nombreux personnages secondaires, et en y agitant le spectre d'une guerre nucléaire imminente programmée par l'Entité, ne laissant à Hunt et à son équipe que 4 jours pour empêcher la fin du monde et se débarrasser définitivement de cet ennemi virtuel, mais véritablement dangereux (un peu à l'image de Skynet dans la saga «Terminator»).


Un antagoniste omniscient et omnipotent auquel j'ai déjà eu un peu de mal à croire dans le précédent volet (que je voyais par moments comme une forme de facilité scénaristique pour expliquer tel ou tel rebondissement), et qui ici aurait formé une sorte de secte composée de fanatiques qui ont secrètement infiltré les différentes institutions du pouvoir pour mener à bien sa mission de destruction (des humains obéissant à une intelligence artificielle ayant comme objectif de détruire l'espère humaine...ça se tient, ou pas).


Un antagoniste qui ne doit son existence qu'aux actions successives menées par Hunt. Mettre fin à l'Entité n'en devient donc que plus personnelle pour Ethan, voulant démontrer que la fatalité n'existe pas, que rien n'est écrit. Et le voilà portant, plus que jamais, le sort de l'humanité sur ses épaules, et déterminé à ne plus perdre personne (lui qui avait quasiment perdu toute son équipe lors du 1er volet réalisé par Brian De Palma), ni être cher, ni inconnu.


Un 8e volet voulu comme un point d'orgue à un effet domino qui a débuté en 1996 (ce qui ne constitue pas une mauvaise idée en soit encore une fois), mais à l'intérieur d'un film crépusculaire perfectible et aux élans trop souvent grandiloquents, si bien que l'émotion, qui se veut ici plus présente que l'action, a eu du mal à m'atteindre.


Une œuvre loin d'être parfaite dans son articulation narrative, imposante mais fragile, mais encore emprunt d'une vraie envie de cinéma immersive (surtout quand elle laisse l'image et le récit respirer), à l'image de cette très bonne séquence sous-marine et sous tension (accompagnée d'une musique atmosphérique et chorale, me rappelant un peu «Abyss» de par son ambiance) et de cette autre séquence d'affrontement dans les airs, qui m'a mis la tête sens dessus dessous (malgré quelques effets virtuels un peu trop voyants à la fin).

Une preuve que Tom Cruise, acteur et producteur historique de cette saga, est toujours aussi impliqué physiquement, à plus de 60 ans, pour son art et le public. Et ça, on ne peut en aucun cas lui reprocher.


Il est juste dommage que la qualité de ces séquences-là soient contrebalancés par un récit parfois trop artificiel et faussement complexe pour y croire et s'y accrocher durant 2h50 pas forcément utiles (à l'image du personnage de Paris, qui est juste là pour nous sortir des phrases en français de manière aléatoire).


À mes yeux, les films «M:I» marchent mieux quand leurs récits sont plus épurés, plus efficaces. Et quand on joue avec les faux-semblants et les rebondissements, De Palma s'avérait quand même un peu plus doué que McQuarrie à ce jeu-là.


Bref, je n'ai pas é un mauvais moment devant ce film (découvert pour l'occasion en IMAX), loin de là, ce «Final Reckoning» étant quand même un peu plus entraînant et qualitatif que pas mal de blockbusters vus ces dernières années.

Mais pour un film «M:I», et de surcroît un film censé clôturer (officiellement) la saga, j'aurai vraiment voulu l'apprécier davantage, mais trop d'éléments perturbateurs m'ont empêché d'être véritablement immergé dans celui-ci.


Un divertissement restant assez généreux (formellement) et sympathique à suivre, mais sur lequel je ne me jetterai pas pour le revisionner, au contraire de la très grande majorité des précédents volets.


Peut-être que le temps est arrivé de prendre votre retraite agent Hunt, et de retourner à la lumière. Vous l'avez bien mérité.

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le 23 mai 2025

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Raphoucinévore

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