Fin de mission
C'est vrai que l'équipe d'élite, codirigée par Christopher McQuarrie et Tom Cruise, offre au cinéma un spectacle porté par une conception visuelle percutante et des séquences d'action...
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il y a 4 jours
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Nos vies sont la somme de nos choix. Tom Cruise est Ethan Hunt dans Mission: Impossible The Final Reckoning.
Voilà le synopsis officiel d’Allociné. Et je trouve que c’est finalement un excellent avant-goût de l’œuvre : une phrase philosophique à deux balles, puis on rappelle que c’est le film de Tom Cruise, et... puis en fait, le reste, on s’en fout un peu. Mais bon, je suis mauvaise langue. Après tout, c’est pas si simple de résumer du vide. Mais je peux essayer si vous voulez :
Bouhhh, la terrible méchante intelligente artificielle appelée L’ENTITÉ, ou encore la DÉVOREUSE DE VÉRITÉ (je vous assure, c’est dans le film), veut détruire l’humanité. Heureusement, un grand homme, beau et musclé, va tenter de sauver le MONDE.
J’aime beaucoup la saga Mission: Impossible. Mais ça commençait déjà à pas sentir très bon avec le dernier opus en date, sorti en 2023, et sobrement nommé Mission: Impossible Dead Reckoning Partie 1. Un septième film affreusement long, bête et bavard, qui était heureusement sauvé par ses séquences d’action toujours aussi efficaces (notamment la course-poursuite à Rome). Bref, j’étais pas très optimiste pour cette suite directe.
Car oui, cet opus devait initialement s’appeler Mission: Impossible Dead Reckoning Partie 2, mais le nom a été modifié en The Final Reckoning. Sans doute à cause du flop assez conséquent du septième film au box-office (ou juste parce que c’est beaucoup trop long comme titre bordel).
Et effectivement, cet opus est bel et bien dans la continuité directe de son prédécesseur. Du coup, on prend les mêmes (problèmes), et on recommence. Ah pardon, on empire ?
Le début du film annonce la couleur : un petit best-of vidéo des grandes séquences de MI, façon fan edit sur YouTube. Parce que oui, il faut conclure toute cette grande saga, reboucler tous les enjeux, et résoudre toutes les relations entre tous les personnages.
Premier énorme souci donc, on va régulièrement se taper plein cadre (et de manière intempestive), des flash-backs des films précédents, afin de justifier précisément ce dont parle tel ou tel personnage. En résulte un ensemble profondément indigeste, qui veut rattacher huit films en un, à travers des liens et souvenirs forcés à tout bout de champ. En plus d’appels nostalgiques sacrément lourdauds.
Le long-métrage est incroyablement bavard, tentant de tout justifier en permanence, et s’auto-persuadant que la mythologie MI devrait être traitée avec un respect religieux. Le tout, en parallèle de facilités scénaristiques débiles, et de résolutions invraisemblables.
Et quitte à crever l’abcès, évoquons immédiatement le plus gros problème de l’œuvre : c’est porté par une écriture purement et simplement mi-sé-ra-ble. Tout est appuyé, sur explicatif, jamais drôle, et surtout, ringard à crever. Ça flirte en permanence avec le nanar absolu, sauf que l’ensemble se prend beaucoup trop au sérieux pour nous faire esquisser le moindre sourire. Je vous invite alors vivement à porter une oreille très attentive au personnage féminin français du récit (déjà présent dans le septième volet), qui n’a littéralement AUCUNE ligne de dialogue qui fonctionne.
Le film aligne par ailleurs une quantité imbitable de termes technologiques ultra complexes, convaincu de dépeindre un récit profondément intellectuel. Ça détaille absolument tout, du fonctionnement de ce super SAS de décompression du futur, à la capacité de stockage en téraoctets de ce magnifique disque dur externe 5D. En plus de ce rabâchage maladif de notices Darty, cette petite troupe e un temps ridicule à détailler de fond en comble ses plans d’attaque. Et on se demande bien pourquoi servir une tartine aussi imbouffable aux spectateurs, d’autant plus quand ces plans foirent de toute manière dans 90% des cas, laissant place à des stratégies improvisées en 5 minutes chrono.
Ainsi, l’œuvre se rêve en conclusion épique, offrant un vrai hommage à ses personnages, mais ne cesse d’être sabotée par sa narration catastrophique. Aucune émotion, aucune empathie envers cette bande, aucun adieu digne de ce nom. La prévisibilité du récit est particulièrement effarante, notamment dans les trajectoires de personnages, décelables dès la première seconde. J’en tiens pour preuve la mort d’un personnage dans le premier tiers du long-métrage, que même Gilbert Montagné a sans doute vu venir. Dommage, avec 400M$ de budget, on aurait peut-être juste pu prévoir un scénariste.
À ce naufrage scénaristique s’ajoute un montage frénétique et véritablement étouffant. Chose plutôt contradictoire d’ailleurs, car le film prend sacrément son temps pour raconter son histoire, en s’étalant sur près de 3 heures (ressenti 3 ans). Et pourtant, à l’instar de Tom Cruise, il semble toujours courir à 200 à l’heure, voulant tout emboîter et étriquer en un temps réduit. Mais tranquille film, t’as le temps. Surtout si c’est juste pour raconter l’histoire d’une méchante machine qui veut détruire le monde...
Bien sûr, utiliser l’intelligence artificielle en menace ultime de l’humanité n’a rien d’anodin. On connait par ailleurs l’implication de Tom Cruise dans la défense des effets pratiques face au tout numérique, des plateaux de tournage et des techniciens progressivement remplacés par des machines, ou encore des salles de cinéma. J’avais donc sincèrement envie de défendre le film, rien que pour sa position artistique, face à une industrie de blockbusters gangrénés de retouches numériques putrescentes. Et cette thématique d’IA destructrice, face à une humanité ive, aurait pu être véritablement ionnante.
Mais encore faut-il offrir une écriture un minimum acceptable. Et disons les choses, ce volet final n’est rien d’autre qu’un énorme câlin de Tom Cruise à lui-même. En témoigne cette séquence risible, où plusieurs protagonistes vont littéralement mettre en pause le récit, pour faire un listing à haute voix de tous les accomplissements du bonhomme. Le tout illustré par des flash-backs délicieusement subtils.
Oui, l’héritage de Tom Cruise (et de cette saga) est immense. Mais on est devant un film, et on mérite à minima un semblant de narration et de subtilité dans la construction du récit.
Et après 1h30 de pur calvaire (soit littéralement la durée d’un film pour rappel), sans aucune vraie scène d’action, Ethan Hunt lance enfin la mission tant teasée du sous-marin. Et le miracle se produit. Je me rappelle enfin pourquoi je suis dans cette salle de cinéma.
Le film se pose, troquant son bavardage incessant pour un silence assourdissant, au cœur des abysses. En parlant d’abysses, difficile de ne pas penser au chef-d'œuvre de Cameron, dans cette gestion parfaite de la tension à l’image, et du grand vertige offert par ce vide immense. La mise en scène est exceptionnelle, et le dispositif est formidablement ludique, avec ce sous-marin roulant en permanence, faisant pivoter l’intégralité du décor. Bref, je viens clairement de vivre l’une des plus grandes séquences d’action de tous les temps.
J’ai eu le souffle coupé. J’ai vibré. Mais comme Tom, il est temps de remonter à la surface... et de revenir à la réalité.
La réalité, c’est une séquence ultra mielleuse, portée par un personnage féminin d’un autre temps. Un sauvetage, des ralentis, un bouche-à-bouche tout en subtilité, avec supplément gros plan sur la maxi poitrine, et regard pétillant sur Jesus ̶C̶h̶r̶i̶s̶t̶ Cruise. On revient donc sur la problématique évoquée précédemment : tout ricoche et reboucle sur Tom Cruise, illuminé d’une aura quasi-prophétique durant la totalité du long-métrage.
Mais on revient surtout sur un film pénible et désespérément bavard. Je vous épargne donc tous mes arguments précédents, mais sachez qu’il s’applique à nouveau ici. Jusqu’à... un nouveau miracle !
Fini la trempette sous-marine, direction les airs pour une séquence d’action en Afrique du Sud, où notre Tom un brin casse-cou va faire joujou entre deux avions. Encore une fois, c’est exceptionnellement orchestré, les cascades et les effets pratiques sont proprement époustouflants, et on finit par conclure que Tom Cruise est effectivement un malade mental (62 ans pour rappel). Et voilà, une deuxième séquence d’anthologie.
Avant, bien sûr, de reboucler sur un épilogue boursoufflé de bons sentiments, empreint de toute la lourdeur scénaristique désormais habituelle. Mais bon, je ne vais pas me répéter une énième fois... restons sur le positif, non ?
Bref, Mission Impossible: The Final Reckoning a deux des plus grandes séquences d’action de tous les temps à vous offrir. À vous de voir si vous êtes prêts à er 2h30 de calamité narrative pour y assister !
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il y a 3 jours
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