Un Pistolero arrive à son crépuscule et croise l’ange gardien qui va le guider de l’autre côté.
Henry Fonda pour faire le lien entre John Ford et Sergio Leone, comme pour opposer le western «classique» à Terence Hill et son nouveau western, parodique, sentant bon le ragoût de fayot, poisseux comme la poêle que tu nettoies à la langue.
Huit mois d’écriture, une trentaine de réalisateurs envisagés, dont Pier Paolo Pasolini (gloups), et c’est un Tonino Valerii, réticent à l’idée de cohabiter avec le Maître, qui prend pourtant les commandes, chapeauté par un Leone bienveillant qui lui promet toutes latitudes. Juré, craché, d’ailleurs, il n’a pas le droit de filmer la moindre image suite au contrat qu’il a signé avec le producteur d’ « Il était une fois en Amérique».
Quatre mois de repérages, 18 semaines de tournage entre les États-Unis, l’Espagne et l’Italie, le tout sublimé par une partoche ironique du toujours énorme Morricone.
On cite Leone, Ford, bien sûr, mais aussi Peckinpah avec quelques ralentis sur ces instants où la vie s’échappe pour ne laisser que des corps morts.
Et on enterre Sam Peckinpah dans un cimetière apache, à quelques tombes de Nevada Kid.
De la Horde Sauvage, du village fantôme, de la pêche à la mouche et au gourdin, un nain sur des échasses, une chaise au milieu de la Grande Rue et des bastons de regards de deux des plus belles paires d’yeux du 7ème Art.
Le Sergio n’a pas de parole car il est romain. Il réalisera, à la grande joie de Hill, les quelques scènes les plus ridicules du métrage.
Pourtant, le film recèle quelques grands moments et une fin à faire perler sur les joues, tu sais, ces petites billes salées, qui font les yeux qui brillent.
Et dont on se souvient, dans un soupir.
Lorsque « Mon nom est personne» se termine, Jack Beauregard, incarné avec une justesse de chaque instant par un Henry Fonda tellement évident par l’image qu’il représente, 73 ans, la légende de l’Ouest, la peau tannée par la poussière, le soleil et les années, lit une longue lettre d’adieu au jeune, affamé et énergique Personne, un Terence Hill visiblement heureux comme un dindon. Le même Personne qu’il enjoignait de devenir « quelqu’un» au tout début du film et à qui il e le relais dans sa conclusion.
« Essaye de retrouver un peu de ces rêves qui nous habitaient, nous autres de l’ancienne génération. Même si tu t’en moques, même avec ta fantaisie habituelle, nous t’en serons reconnaissants. Au fond, nous étions des sentimentaux. En ce temps, l’Ouest était désert, immense, sans frontière. On croyait tout résoudre, face à face, d’un coup de révolver. Puis, tu es arrivé et il est devenu petit, grouillant, encombré de gens qui ne peuvent plus s’éviter… Mais souviens toi que si tu peux encore te promener en attrapant des mouches, c’est parce qu’il y a eu des hommes comme moi, des hommes qui finissent dans les livres d’histoire, pour inspirer ceux qui ont besoin de croire en quelque chose… »
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