Le titre de l'oeuvre annonce très judicieusement cette parabole sur la beauté parfaite, la splendeur absolue qui consument la vie et que le compositeur von Aschenbach, l'artiste raisonnable et intègre entre tous, croyait qu'on atteignait avec de nobles sentiments. Mais la présence à Venise d'un adolescent inabordable, confondant de beauté et de grâce, entraine l'homme vieillissant dans un tourment inconnu et dans la ion funèbre. La mort n'est pas loin, qui couronnera -ou sanctionnera- l'extase tout autant que l'impuissance de l'artiste, cette mort qui se profile, qui vaut mieux qu'une existence terne et qui pousse von Aschenbach à dédaigner l'épidémie de choléra se répandant dans Venise.
Dirk Bogarde incarne avec conviction et émotion cet homme que son désir homosexuel inattendu culpabilise. C'est par ce biais "honteux" parmi d'autres, que l'artiste von Aschenbach part à la rencontre de la beauté pure. Et le film n'est jamais aussi poignant que lorsque la musique de Mahler (adagietto de la Cinquième symphonie) recouvre Venise et accompagne la mise en scène crépusculaire de Visconti.