You can call me Mud

Après l’excellentissime «Take Shelter», Jeff Nichols revient avec un second long métrage où deux jeunes adolescents (Elis et Neckbone) donnent la réplique au mystérieux Mud (Matthew McConaughey), fugitif retranché sur un ilôt.

Jeff Nichols confirme avec ce film la grande vitalité d’un cinéma d’auteur du sud des Etats-Unis. Dans la même veine que «Les bêtes du sud sauvage» de Benh Zeitlin ou «Paperboy» de Lee Daniels, Nichols pose sa caméra au bord du Mississipi et capte la beauté des paysages naturels avec une forte sensibilité artistique. S’il y a une chose d’incontestablement impeccable dans ce film, ce sont les prises de vue. Le visuel est d’une beauté saisissante et constamment en adéquation avec les intentions du réalisateur et son scénario. Et c’est bien là la force de ce cinéma sud états-unien. La moiteur de certains plans reflètent la captivité de Mud et l’emprisonnement affectif de sa fiancée Juniper. Les travellings sur le Mississipi rafraichissent le film et apportent avec une certaine justesse l’espoir d’une fin heureuse, pour laquelle deux enfants candides se battront. Les acteurs sont à ce titre très bon. On ne présente plus le Matthew McConaughey 2.0, captivant et bouleversant à chacune de ses apparitions. Et à y penser, c’est bien l’une des plus belles renaissances cinématographiques, où McConaughey révèle soudainement un talent monstrueux. Il se paye par ailleurs le luxe d’enchaîner des rôles marquants et des films d’une grande qualité en moins d’un an (Killer Joe, Paperboy) et pourrait devenir l’une des figures de ce cinéma sudiste.

Petit bémol, on ne peut s’empêcher de comparer «Mud» à «Take Shelter» et partant de là on est un peu déçus. La simplicité totalement volontaire d’une histoire d’amour impossible rompt avec la complexité ionnante de «Take Shelter». Et forcément, une histoire aussi modeste pour un casting 5 étoiles nous laisse sur notre faim.