N'oublie pas que tu vas mourir par Zogarok

C'est un de ces films dont « on ne sait pas où il veut en venir » ; au fond sûrement que si, mais se plonger dans le délire tout en expectative d'un auteur ne semble pas en valoir le coup. Dans N'oublie pas que tu vas mourir, un jeune homme cherchant à éviter le service militaire apprend son affection par le sida. Il se retrouve en prison avec un petit dealer pour compagnon de cellule (Roschy Zem), qui le traînera ensuite dans son monde, rempli de baises, de shoot et de plaisirs mollement gratifiants. Peu à peu ce jeune homme s'envole.


Il semble s'élancer dans une longue et ultime balade, où il vivra 'intensément'. C'est-à-dire à la façon d'un ado attardé tout en restant très introverti et apparemment léthargique ; puis comme un amoureux (celui de Claudia, par Chiara Mastroianni). Ce Benoît lunaire, parfois comique malgré lui, est interprété par le réalisateur Xavier Beauvois, déjà personnage principal de son précédent film, Le Petit Lieutenant et surtout Des hommes et des dieux, qui l'ont le plus exposé).


Benoît est un peu l'après-Bertrand du Nord, celui qui tâche de se sauver par l'art et l'aventure, en rompant (sans mettre en branle la volonté) avec ses origines et sa famille. Beauvois est donc encore personnellement très investi, fait la démonstration d'un talent d'illustrateur et d'une préférence pour l'ambivalence et l'affadissement de catégories un peu 'vulgaires', plus bêtes (au sens large) que vraiment 'clichés'. N'oublie pas est peut-être sensible mais sûrement pas subtil (le cours sur le romantisme pour souligner l'orientation qu'empruntera Benoît ; le sourire de l'homosexuel, tout ça pour un refus fatal).


Beauvois ne prend jamais position par rapport à ce qu'il présente, mais de façon plus riche que le ferait un indifférent pur ; il se niche entre les points de vue, les impressions plus ou moins typées. Le résultat est plus exotique mais pas très différent. N'oublie pas donne toujours l'impression de faire du spectateur un voyageur serein dans des zones vierges, plutôt qu'en friches. Il y manque la violence de la résignation, le sens du tragique, qui amèneraient en même temps un véritable réveil, l'énergie du déement nécessaire. Le Temps qui reste de Ozon fournira une proposition distincte et plus déterminée.


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le 15 janv. 2016

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