Dans Oxana, Charlène Favier tente de répondre à cette question à travers le portrait d’une jeune femme broyée par la vie en Ukraine — où les attentes sociales (mariage, maternité, silence) se confondent avec une violence politique, religieuse et patriarcale plus vaste. Mais en cherchant à styliser la révolte, le film rate paradoxalement ce qui rendait Oxana Shachko unique : ses contradictions, son humour noir, sa complexité. Je n’ai pas aimé ce film. Il donne une image déformée, presque caricaturale, de l’Ukraine — déjà largement mal comprise — en la rapprochant trop de l’obscurité associée à la Russie. L’Ukraine y est montrée comme un lieu de souf pure, sans nuance ni contexte. Le militantisme d’Oxana — ce qu’elle appelait sextremisme — est vidé de son ironie, réduit à un geste de désespoir. Même son art, qui jouait avec le sacré et le profane, devient un décor visuel, sans véritable portée politique. Ce qui aurait pu être une réflexion forte sur l’art, la radicalité et la récupération devient un récit flou, esthétisé, fasciné plus qu’il ne comprend.Je ne connaissais pas Oxana, et je doute que nous ayons eu grand-chose en commun. Mais en lisant le très beau texte de Jacqueline Feldman dans The Paris Review, j’ai pu apprécier qui elle était : sa clarté, sa fantaisie, ses doutes, son sérieux quand il comptait. En comparaison, le film semble plat — un masque d’Oxana plutôt que sa voix.