"Junky, he’ll always rat!"
Pour mes premiers pas dans la filmographie de Jerry Schatzberg, je ne savais pas trop à quoi m'attendre ayant été principalement attiré vers ce film par ce titre plutôt épique puis intrigué par la petite réputation de film culte qui traînaille dans son sillage. Helen vient de subir un avortement clandestin lorsqu’elle rencontre Bobby, c’est le début de la chute. Helen et mignonne et tout en réserve, Bobby en est l’opposé parfait, exubérant, malicieux et débordant d’assurance. Il irradie la pièce quand il mange des frites, il est drôle et attendrissant quand il vole une télé, il connait tout le monde et enchaîne les anecdotes ionnantes, Helen tombe sous le charme.
Seulement voilà, Bobby est accro à l’héroïne et Helen va rapidement le devenir à son tour. Le couple gravite autour du quartier de Needle Street, ainsi appelé à cause du nombre considérable de junkies qui y végètent. Le quartier est alors frappé par la panique, nom donnée aux pénuries de drogue, les prix s’envolent. Schatzberg présente grâce à une réalisation brute et quasi documentaire le quotidien de l’addiction : trouver de l’argent pour se payer sa dose, traîner dans un coin de rue et squatter des chambres défraîchies. Ils doivent également faire face à la police en place dans le quartier et plus particulièrement à Hutch qui n’hésite pas à les utiliser et à les manipuler pour faire un gros coup. Pas de sensationnel, pas de renfort dramatique, aucune musique, des plans simples, le réalisateur présente de manière réaliste la déchéance progressive de ce couple en période de pénurie : vols, cambriolages, trafic, prostitution et prison.
Ce film s'apparente à un essai sociologique sur la vie des toxicomanes dans le New-York sale et dangereux des années 1970, aujourd'hui disparu. Il s'appuie principalement sur la prestation des acteurs tout bonnement parfaite, notamment celle d’Al Pacino, génial pour son premier grand rôle.