Joyeux, pop, rafraichissant même quand il flirte avec la mélancolie, Partir un Jour est un film léger et conscient de sa légèreté. C’est son concept, parfaitement maitrisé, qui fait sa singularité et crée sa valeur. Les personnages partagent leurs sentiments ou conversent à l’aide d’airs populaires, un peu à la manière d’On connaît la Chanson de Resnais, mais ici les numéros musicaux sont particulièrement bien intégrés au récit et habilement scénographiés. La réalisatrice joue avec ses décors, use de ruptures de ton, trafique les mélodies, c’est à chaque fois très bien pensé, ce n’est jamais un gimmick. Ce mécanisme permet à la fois de s’attacher immédiatement à un personnage (Je suis de celles, de Benabar, pour un moment poignant), faire des révélations (flash-back sublime et inventif dans une patinoire sur du K.Maro) ou simplement faire rire (Je l’aime à mourir, vous comprendrez en le voyant). Parce qu’on rit, les dialogues sont doux et percutants, servis par des comédiens formidables. François Rollin a rarement été aussi vulnérable, et ça lui va bien, Dominique Blanc est une reine, c’est bien de le rappeler de temps en temps, mais la révélation du film est évidemment l’épatante Juliette Armanet, épatante de facilité et de naturel. Elle forme un duo plus que charmant avec le caméléon Bastien Bouillon, qui doit à peu près pouvoir tout jouer à partir du moment où on lui file le bon costume…
Partir un Jour est une parenthèse en chansons inattendue et bienveillante qui détourne malicieusement le genre de la comédie musicale pour nous faire sourire et nous attendrir. Un vrai bon moment.