Premier film de Satoshi Kon, Perfect Blue commence comme une histoire presque légère, narrant la nouvelle vie de Mima, jeune fille arrêtant sa carrière de chanteuse pop adulée pour se lancer dans le métier d'actrice, et finalement plonge le spectateur dans une histoire sordide et perturbante.
Si d'un point de vue strictement graphique Perfect Blue accuse son âge, (surtout quand a vu Paprika de sept ans son cadet l'avant veille) avec une animation à l'économie qui parfois limite l'immersion, ce thriller schizophrénique est remarquable sur tous les autres points. Personnages, montage, tempo dans la narration d'un crescendo implacable...
La grande force de Perfect Blue est de nous faire littéralement ressentir le calvaire de son héroïne qui ne sait plus où situer sa réalité, séparer les souvenirs des illusions, le é du présent. Jonglant avec des plans faussement similaires, des ellipses entrecroisées, des répliques redondantes, Satoshi Kon entraîne le spectateur dans un dédale où il n'a plus aucune prise tangible à laquelle se raccrocher pour juger de la véracité du vécu de Mima, s'enfonçant toujours plus dans ses hallucinations.
De fait, plus que l’entraîner, Satoshi Kon, par une multiplicité d'effets aussi sobres qu'efficaces, implique le spectateur dans la narration. Voyeur omnipotent, c'est à lui de définir la réalité dans laquelle vit Mima.
Quoique le dénouement manque peut être d'une pointe de folie par rapport à l'ensemble, on est malgré tout franchement chamboulé par Perfect Blue, pas tant du fait de l'éventuel nœud au cerveau qu'il pourrait procurer, mais du fait d'avoir tâté du bout de la pupille ce que peut être la puissance destructrice de la folie et de se sentir confusément coupable de ce qu'a vécu l'héroïne.