Quinze heures. Tu as quinze putains d'heures pour aller de Denver à San Francisco. Pour t'aider: un paquet de speed. Une Dodge Challenger 70 pouvant monter jusqu'à 250. Tes réflexes. Et surtout, la musique de Super Soul qui te guidera tout au long de ton voyage sans retour. Du moins tant que ces blancs-becs nostalgiques de la ségrégation ne lui auront pas sauté sur la couenne.
Fonce. Brûle l'asphalte jusqu'à ce qu'elle ai la même odeur que l'enfer. Joue de la pédale et du levier de vitesse. Fais leur bouffer du sable et de la poussière à tous. Ne t'arrête surtout pas. Ou alors, le temps de faire le plein. De sentir les gens. Leur bonté intacte. Ou leur connerie. D'irer une jolie blonde chevauchant une cylindrée dans le plus simple appareil. Cette amazone te rappellera sûrement quelque chose. Un é lointain.
Oublie les cons. Oublie les courses, le Nascar, ta chute, cette planche orpheline vomie par l'écume. Oublie ces porcs de flics qui n'appartiennent plus à ton monde. Oublie cette Amérique qui ne veut pas des noirs, qui ne veut pas des hippies, des pédés, des freaks à cheveux longs et de tout ce qui ne lui ressemble pas. Oublie ceux qui voudraient que tu ralentisses. Ceux qui tentent de te vendre leur american way of life faisandée. Fonce sans regarder derrière toi.
Luther King s'est fait descendre. Elvis n'est plus que l'ombre de son sex-appeal. John Wayne est un taré de la gâchette au service de l'oncle Sam. Tu es le dernier héros américain. Celui dont on a tous besoin pour garder la tête haute. Tu es la dernière chose que ne contrôlera jamais l'Amérique. Ton nom est Kowalski. Et "Vanishing Point" est ton oraison funèbre. So long, friend.