Sur un scénario de David Koepp et une mise en scène de Steven Soderbergh, j'avais très hâte de découvrir le film. Comme je le souligne régulièrement, j'apprécie beaucoup le réalisateur pour sa singularité, capable de er du gros blockbuster rempli d'acteurs bankables à des petites productions beaucoup plus intimistes, quelques-fois même quasi expérimentales.
Et ici, nous sommes plutôt dans la seconde option même s'il est amusant de remarquer que la bande-annonce essaye de vendre ça comme du film d'horreur grand public. Grand nombre de spectateurs vont alors être déçus car le film prend justement le contre-pied des blockbusters horrifiques (comme "Conjuring" par exemple pour donner un élément de comparaison) pour réaliser un film beaucoup plus posé, presque poétique mais qui prend surtout son temps !
Je dirai même que c'est une sorte de mélange entre "A Ghost Story" pour l'esthétique et le poétique et "Paranormal Activity" pour l'aspect réaliste que le réalisateur s'efforce de donner à l'ensemble (un étalonnage très naturel et beaucoup de conversations bateau). Enfin, des conversations bateau, a priori seulement, puisque nous sommes face à une famille dysfonctionnelle : la fille vient de perdre deux de ses amies et prend de la drogue, la mère privilégie le fils, ce qu'elle dit ouvertement et le père est en dépression. Seul le fils semble aller bien mais s'avère être un adolescent relativement problématique.
Et tout ce contexte ajoute de la matière à l'ensemble, on n'est plus seulement mal à l'aise face à la fameuse présence qui se cache dans les placards mais également face à cette famille nucléaire a priori parfaite qui cache en réalité beaucoup de choses sous le tapis.
Le réalisateur parvient quant à lui à magnifier ce scénario avec une mise en scène assez originale. Nous avons déjà énormément de plans séquences assez flottants, nous baladant à travers la maison et la caméra nous met à la place du fantôme. En effet, son regard devient le nôtre, ce qui intensifie déjà cet aspect spectateur voyeur mais qui nous permet également d'appréhender autrement le film de fantôme.
On notera également cette magnifique musique, presque en décalage avec l'ambiance minimaliste de la mise en scène, qui rappelle par moments le travail de Jerry Goldsmith sur "Hantise", mais qui vient surtout apporter une ambiance quelques fois dérangeante.
Bon, je trouve malgré tout la toute fin assez clichée, nous sortant presque soudainement de l'ambiance du film mais "Presence" n'en reste pas moins une très bonne expérience !